Il y a des symboles qui comptent, et celui-ci en est un. L’Estonie a décidé d’envoyer un contingent de 50 hommes soutenir les forces françaises dans l’opération Barkhane. Il s’agit du premier état de l’Union Européenne à déployer des troupes opérationnelles pour soutenir l’effort français, et il est paradoxale de constater qu’il s’agit d’un des pays qui subit le plus la pression russe. Avec les britanniques qui envieront prochaine 3 hélicoptères lourds CH-47 chinook , ce seront donc 3 pays européens qui interviendront de manière opérationnelle dans l’opération Barkhane.
Il faut toutefois rappeler que la Belgique avait, lors de l’opération Serval, détaché des le début de l’opération deux hélicoptères SAR très largement sollicités.
Si la France a effectivement portée seule l’effort militaire opérationnel européen lors de l’opération Serval, plusieurs pays Européens ont soutenu de manière active l’opération : l’Allemagne avait ainsi mis à la disposition de la France des C160 pour le transport logistique, les britanniques des C17. Allemands, néerlandais et d’autres sont également intervenu pour former les forces militaires et de sécurité Malienne.
Etant donné que la décision d’intervenir a été unilatérale par la France, Allemands, Néerlandais Belges ou Britanniques estiment, à juste titre, avoir significativement soutenu l’effort Français, et s’offusquent lorsque les français leurs font le reproche de leur apparente passivité.
Ce point rejoint les difficultés à parvenir à une vision stratégique commune entre la France et l’Allemagne dont parlait le général Lecointre.
Mais peut-être s’agit-il là du mauvais paradigme ?
En effet, plutôt que de chercher l’uniformisation, ne serait-il pas plus efficace, et facile, de constater la complémentarité qui existe entre les différentes forces européennes, et notamment entre la France et l’Allemagne.
Si la France a une culture d’intervention, de projection de force et une flotte de haute mer, l’Allemagne, elle, a un objectif de défense européenne en Europe, incluant une flotte plutôt littorale. Présenté ainsi, la complémentarité semble évidente.
Si chacun, plutôt que de chercher à tout faire, se spécialisait dans ses domaines de prédilection, et organiserait au niveau européen l’ensemble du volet, l’efficacité tant opérationnelle que budgétaire n’en serait que renforcé. En outre, la France, disposant de sa propre dissuasion, ne délèguerait pas sa propre sécurité dans la démarche.