samedi, novembre 9, 2024

Quelle est l’influence de la furtivité sur les performances d’un avion de combat ?

Alors que Lockheed et l’US Air Force font le forcing pour promouvoir le F-35 en Allemagne lors du Berlin Air Show, le directeur marketing d’Eurofighter, Raffael Klashke, a répondu aux journalistes qui l’interrogeaient au sujet du manque de furtivité du Typhoon, donné favoris dans la course au remplacement des Tornado Allemands. Selon lui, « la Furtivité ne représente que 10% des performances d’un appareil, et le Typhoon est supérieur dans les 90% restants ».

De fait, si la furtivité est efficace contre les radars « classiques », plusieurs technologies sont en cours de déploiement pour contrer cet avantage. L’occasion de faire un point sur ces différentes technologies, leurs forces et faiblesses, et leurs calendriers de déploiement probable.

Aujourd’hui, nous pouvons identifier 4 technologies de détection d’aéronefs capables de contrer la furtivité utilisée sur les appareils comme le F22, F35, J20, J31 ou Su57. Il s’agit de :

  1. Les radars a basse fréquence : 

C’est la solution la plus simple, et la plus rapide à mettre en œuvre. Les radars qui fonctionnent en bande VHF et UHF, avec une longueur d’onde entre 10 et 80 cm (soit une fréquence, entre 300 Mhz et 1 Ghz), bénéficient d’un phénomène de résonnance très sensibles sur certaines parties des appareils furtifs, comme les dérives et ailerons. La précision de ces radars est sensiblement inferieure aux radars hautes fréquence, ce qui a longtemps mené à les considérer comme inadaptés à la détection et la conduite de tir. Toutefois, aujourd’hui, avec les radars AESA, les variations de fréquence dans un même rayonnement, associées aux capacités de traitement informatiques, permettent de palier ce problème. C’est en tout cas l’argument mis en avant par le nouveau Grumman E2-D Hawkeye, ou son homologue chinois, le KJ600, tous deux disposant d’un radar AESA en bande UHF. Grâce aux liaisons de données modernes, ces appareils peuvent non seulement détecter les appareils et missiles furtifs, mais diriger les tirs de missiles surface-air ou air-air contre ces vecteurs. La Russie et la Chine ont également entamé le déploiement de radar basse fréquence dans leurs chaines de détection terrestre, notamment pour le S-400 russe.

  • Les radars à détection passive

Ces radars utilisent les rayonnements électromagnétiques liés aux activités humaines, comme le réseau GSM ou la TNT, pour détecter les aéronefs et missiles, dont les avions furtifs, qui n’ont pas été conçus pour ce type de fréquence. Cette solution est très efficace, dans la mesure ou le radar n’émet aucun rayonnement, et qu’il est donc parfaitement invisible aux détecteurs d’alerte radar des avions de combat, qui ignorent avoir été détectés. Toutefois, elle nécessite la présence d’activités humaines relativement denses, ce qui interdit son utilisation en zone faiblement peuplée, ou sur les océans. 

De nombreux pays ont des projets de recherche sur le sujet. La Chine a déjà mis sur le marché un radar passif reposant sur cette technologie, et il semble qu’elle ait déployé un satellite détection utilisant également les rayonnements d’origine humaine pour détecter les aéronefs et missiles.

  • Les radars quantiques

Les radars quantiques sont encore expérimentaux, et le Canada a annoncé investir 2,7 Md$ pour développer cette technologie. Cette technologie encore très expérimentale repose sur l’observation d’un photon micro-onde lié par intrication quantique à un second photon propulsé vers la zone de détection. Si ce photon nomade rencontre un obstacle, sa trajectoire et son état seront altérés, entrainant les mêmes changements sur son photon « témoin », permettant de détecter précisément, par bombardement, les informations sur une cible. Très prometteuse, cette technologie ne sera pas en fonction avant la fin de la décennie prochaine, mais elle portera un coup décisif aux technologies furtives actuellement connues.

  • la détection électro-optique

Les radars actuels, qu’ils soient haute ou basse fréquence, ont tous la même faiblesse : il est possible de détecter son émission à une distance très supérieure à sa portée de détection. C’est la raison pour laquelle, très souvent, les navires de guerre et les avions de chasse n’utilisent pas leurs radars de manière active, et se contentent de détecter les rayonnements d’un adversaire potentiel pour déterminer sa position. Dans ce contexte, l’identification d’une cible repose bien souvent sur une confirmation visuelle. C’est là que les dispositifs comme l’OSF (Optronique Secteur Frontal) du Rafale apporte un atout important, car ils sont capables d’identifier un avion ou un navire à plusieurs dizaines de kilomètres, avec de puissantes caméras électro-optiques multi-spectres. Cette technologie a toutefois ses propres limites, nécessitant par exemple une faible nébulosité pour être efficace. Mais un appareil de combat ne disposant pas d’un système électro-optique performant, comme par exemple le F35, sera indubitablement désavantagé à moyenne portée face à un adversaire qui en serait équipé, comme le Su-35.

On ne voit, la furtivité est loin d’être une cape d’invisibilité rendant un appareil invulnérable. Au contraire, cette technologie est appelée à perdre rapidement de son intérêt opérationnel. C’est donc un argument très relatif quand il s’agit de choisir un appareil sensé opérer plusieurs décennies dans une force aérienne.

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