Le Sénat US bloque la livraison des F-35 à la Turquie

C’est officiel, le Sénat américain a bloqué les livraisons des chasseurs F-35 à la Turquie, pourtant partenaire historique du programme, au moins jusqu’à la mi-juillet. Les sénateurs américains estiment que l’acquisition de S-400 par la Turquie est de nature à augmenter les tensions avec d’autres membres de l’Alliance Atlantique, et prennent également position contre l’emprisonnement du Pasteur Andrew Brunson, accusé de terrorisme par la Turquie.

Le gouvernement turc a immédiatement répliqué en laisser entendre qu’il pourrait se tourner vers d’autres partenaires, en particulier la Russie et son Su-57. Il a également annoncé commander des missiles antichars Kornet russe pour équiper ses forces blindées.

Mais les déclarations turques tiennent davantage des rodomontades que d’une alternative effective. En effet, l’industrie russe ne pourra construire plus de 18 à 24 Su-57 par an selon de très nombreux spécialistes, et ce nombre suffira à peine à couvrir les besoins de remplacement des Su-27 russes dans les prochaines années. C’est une des raisons qui explique que les forces russes continuent de s’équiper en Su-30/34/35 et MIG29/35, et continueront de s’en équiper encore pendant plusieurs années, malgré l’entrée en service du Su-57.

Dans ces conditions, il serait extrêmement peu probable que la Russie accepte de se séparer d’une partie de ses Su-57, surtout pour les vendre à la Turquie. Car si l’hypothèse de détacher la Turquie de l’OTAN comblerait évidement le Kremlin, Moscou est encore très loin de considérer Ankara comme un partenaire fiable, suffisamment pour lui transmettre son tout dernier appareil qui équipera les forces aériennes russes pour les 50 prochaines années. A la différence du S-400, un système certes très performant, mais prochainement supplanté par le S-500, le Su-57 intègre l’Etat de l’art de la technologie aéronautique russe.

Quand à la Chine, elle a clairement annoncé qu’elle n’exporterait pas le J-20, alors que le FC-31, sensément destiné au marché export, n’est pas encore fiabilisé, et son arrivé sur le marché n’est pas prévue dans les prochaines années.

Enfin, la Turquie espère toujours pouvoir développer son chasseur de « 5ème Génération » T-FX , avec l’aide de BAe. Mais la encore, si la Turquie s’émancipe de l’OTAN, il est fort probable que BAe se retirera de cet accord pour ne pas mettre en péril ses très nombreux contrats avec les armées US.

En d’autres termes, et quoiqu’en disent les diplomates turcs, si la décision de ne pas livrer les F-35 à la Turquie se confirmait, cette dernière n’aurait pas d’alternative dans les 10 prochaines années pour s’équiper d’appareils de ce type. En revanche, rien n’empêcherait Ankara se s’équiper de chasseurs Su-35 et de bombardiers Su-34, des appareils qui ont largement montré leurs qualités ces dernières années.

Pour Aller plus loin

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles