La grande surprise du Salon Farnbourouh 2018 a sans aucun doute été l’annonce par le gouvernement britannique du programme « Tempest », un chasseur de nouvelle génération qui doit être construit autour des savoir-faire et le BITD britannique. Si, lors de son annonce, le programme devait être avant tout européen, associant BAe, Rolls-Royce, et l’italien Leonardo (l’Italie n’ayant nullement signifié sa participation au programme), il était également question de la participation de SAAB, dans le cadre du programme suédois flygvapnet2020.
Depuis cette annonce, les choses sont devenues très confuses autour du programme. La volonté est clairement affichée par le gouvernement britannique de se positionner comme un programme alternatif au SCAF franco-allemand, aidé en cela par une certaine rigidité de Paris et de Berlin quand à l’ouverture à d’autres partenaires avant que tous les points jugés nécessaires n’auraient pas été clairement établis entre la France et l’Allemagne. De fait, les britanniques sont allés tenter de séduire la plupart des partenaires européens, de l’Italie à l’Espagne, pour tenter de rallier le projet, sans grand succès jusqu’à présent. Il a également été question d’ouvertures vers le Japon et son programme F3, et la Corée du Sud et le K-FX. Même l’hypothèse Turque a été abordée.
En outre, très conscient que l’industrie britannique n’avait plus construit d’avion de combat par elle même depuis le Sea-Harrier, les autorités britanniques ont rapidement cédé aux sirènes américaines, et particuliers celles de Boeing, en recherche de longue date d’un partenariat pour concevoir un avion de nouvelle génération qui pourrait contrer le couple F-22/35 de Lockheed. Quand à ce dernier, sa position est clairement exprimée dans l’article ci-dessous, à savoir que tout ce que doit savoir faire le Tempest, le F35 sait (ou saura) le faire … en d’autres termes, inutiles de concevoir un avion, il suffit de commander plus de F35 …
Non seulement le programme Tempest n’a, à ce jour, pas réussi à se poser en alternative au SCAF, ni amené la France et l’Allemagne à revenir sur leur position jugée intransigeante, mais il a conforté le couple européen dans la justesse de sa démarche, considérant la vision très brouillonne que donne le programme britannique.
Quoiqu’il en soit, il n’en demeure pas moins que le financement de deux ou trois projets similaires ou proches en Europe, comme ce fut le cas des eurocanards, serait une fantastique dépense de temps et d’argent, et ne renforcerait ni la défense européenne, et son industrie, alors que la géopolitique mondiale est en pleine mutation rapide. Il est toutefois possible de construire un projet commun, respectant les besoins de tous les acteurs européens, et renforçant très nettement la BITD européenne., basé sur 3 appareils complémentaires, un chasseur monomoteur, un bimoteur moyen et un chasseur lourd, et sur 3 drones eux aussi complémentaires, un MALE, un UCAV et un drone exo atmosphérique.
Dans un contexte international qui ne cesse de tendre, la coopération européenne constructive et ambitieuse est aujourd’hui la seule alternative pour continuer à exister à moyen terme sur la scène internationale, face aux grandes nations militaires que sont les USA, la Chine, La Russie et probablement, rapidement, L’inde.