Les tensions opposant forces loyalistes et forces rebelles pro-russes ne cessent de croitre ces derniers jours en Ukraine, et plus précisément sur la ligne de front séparant les forces en présence dans le Donbass.
La fin de l’été et le début de l’automne ont toujours donné lieu à une augmentation des tensions dans cette région. Et pour cause, c’est une période très favorable pour une action militaire russe, ou pro-russe, en Ukraine, puisque bordée par l’arrivée de l’hiver et de la dépendance ukrainienne au gaz russe, empêchant ainsi tout enlisement du conflit.
Au delà de ce facteur annuel, plusieurs facteurs conjoncturels accroissent le risque cette année, comme les tensions entre les Etats-Unis et la Russie et le risque de guerre monétaire contre le rouble menée par Washington, et qui pourrait bien induire Moscou à une action militaire afin de conserver une marge de manœuvre diplomatique et, surtout, une crédibilité en matière de politique intérieure pour faire face à la crise sociale et économique qui en résulterait. D’autre part, le Kremlin pourrait être tenté d’une action militaire visant à affaiblir la crédibilité du gouvernement ukrainien, de sorte que les élections de 2019 puissent amener au pouvoir un nouveau président ayant le mandat pour négocier une fin de conflit, ce qui n’est pas du tout le mandat donné à P.Poroshenko. Enfin, le Kremlin pourrait décider qu’il dispose désormais des moyens suffisants pour saisir les territoires s’étalant du Donbass à la Crimée, afin de relier cette dernière au territoire russe, de russiser intégralement la mer d’Azov, et de renforcer sa position militaire en Europe.
C’est dans ce contexte déjà très tendu que l’assassinat d’Alexandre Zakhartchenko, un des chefs de la rébellion dans le Donbass, intervient. Comme souvent dans ce cas, les dénégations se suivent et se ressemblent, chacun accusant l’autres du meurtre pour encourager le recours à la force armée.
Quoiqu’il en soit, entre la démonstration de force russe qui aura lieux en Sibérie orientale la semaine prochaine avec l’exercice Vostok 2018, et la montée en puissance des forces armées ukrainiennes, qui n’ont plus grand chose à voir aujourd’hui avec la force désorganisée et faiblement armée de 2015, nous avons désormais deux belligérants prêts au combat, et bien peu d’initiatives en faveur de la paix dans cette région. Or, si une guerre opposait véritablement les forces ukrainiennes et russes, ce serait très probablement une catastrophe sans précédant en Europe depuis 50 ans.
Il est regrettable que l’Europe, plus particulièrement le couple franco-allemand, n’ait pas encore pris l’initiative de déployer une force d’interposition destinée à empêcher tout débordement de situation aux conséquences dramatiques. Une opération qui, soit dit en passant, pourrait également s’appuyer sur la Chine, pour qui une crise en Europe aujourd’hui serait très néfaste, et qui ne manquerait pas une telle opportunité de jouer un rôle majeur dans la diplomatie mondiale avec l’Europe.