Lors de son audition en juillet par les députés, le Général Le Cointre, Chef d’Etat Major des Armées, faisait le constat que l’Europe de la Défense n’était malheureusement pas soutenu par beaucoup de membre de l’UE. L’exemple de la Grèce explique, en grande partie, le manque de crédibilité de l’offre soutenue aujourd’hui par la France, pour plus d’autonomie stratégique de l’Europe et moins de dépendance vis-à-vis des Etats-Unis.
En effet, les frictions et incidents militaires entre la Grèce et la Turquie, tous deux membres de l’OTAN, ne cessent de croitre depuis quelques années, accentués par les ambitions nationalistes et expansionnistes du président Erdogan.
On aurait pu penser, naturellement, que par l’intermédiaire de l’article 47-2, et en pleine initiative européenne de Défense, une intervention de réassurance européenne aurait été parfaitement légitime, et même logique. Car, en effet, le déploiement de quelques Rafale ou mirage2000 français, et de quelques Typhoon allemands ou Espagnols, auraient très certainement envoyé un message particulièrement clair sur l’autre rive du Bosphore. Cette initiative aurait eu par ailleurs le mérite de réconcilier la population grecque avec l’Europe, en montrant que celle-ci savait être là lorsque le besoin se faisait sentir, notamment en terme de sécurité et de diplomatie active.
Malheureusement, ce sont les Etats-Unis qui, une fois encore, brillent par leur réactivité et leur décision, en entamant des travaux pour renforcer la présence des forces US en Grèce.
Certes, cette annonce s’intègre dans une démarche visant à faire monter, encore d’avantage, la pression sur Ankara. Certes, il ne s’agirait très probablement que de déplacer des forces d’ores-et-déjà présente en Turquie, pour conserver la capacité d’action dans la région. Mais du point de vue symbolique, l’annonce américaine aura un impact fort sur la perception de tous les états européens vivant aujourd’hui sous la pression d’un autre Etat, très souvent la Russie. En outre, cette annonce s’accompagne de mesures très concrètes en matière d’équipements de Défense, enrobé dans un emballage de « bon élève de l’OTAN », puisque malgré ses importantes difficultés économiques, la Grèce a maintenu un niveau d’investissement Défense supérieur à 2%.
Coté européen, en revanche, et français en particulier, on tergiverse pour trouver les garantis financières pour accorder le crédit concernant les 2 frégates FTI dont Athènes a désespérément besoin.
Si le couple franco-allemand souhaite effectivement donner une véritable impulsion à l’autonomie stratégique et a l’Europe de la Défense, il serait très profitable de s’emparer du problème grecque, et de mettre en place un plan d’action, soit à l’échelle européenne, soit à l’échelle des nations, donnant ainsi de la matière aux propositions très théoriques actuelles.