Les Etats-Unis déploient leurs atours en Inde pour remporter les contrats de Défense

L’inde représente aujourd’hui le plus important marché mondial pour l’exportation de matériels militaires. A ce titre, elle est courtisée par l’ensemble des industriels et acteurs de cette industrie, de la Russie et la France, partenaires traditionnels depuis des décennies, aux Etats-Unis, qui déploient aujourd’hui des trésors de diplomatie pour séduire les autorités indiennes.

Car si le marché est effectivement alléchant, ce que recherche les Etats-Unis est avant tout un allié susceptible de pouvoir contrer la puissance démographique Chinoise sur le continent asiatique. Or, les relations entre New Dehli et Pékin sont tendues, comme l’a montré l’épisode du plateau du Doklam à l’été dernier. En outre, la Chine s’est considérablement rapprochée du Pakistan, comme du Bengladesh, deux pays entourant l’Inde avec qui les relations sont explosives.

De fait, les autorités américaines sont prêtes à des efforts importants pour amener New Dehli dans leur sphère d’influence. C’est dans ce cadre que Lockheed, le constructeur aéronautique américain, a annoncé l’ouverture d’une ligne de production d’ailes de F-16 en Inde, avec l’industriel local Tata. En agissant ainsi, Lockheed espère bien faire peser la balance à son avantage lors de l’attribution du contrat portant de 110 appareils « légers ou moyens ». Cet appel d’offre, que le constructeur américain pensait acquis, devait initialement n’être ouvert qu’aux appareils légers, et le F16V était arrivé en final face au JAS39 Gripen de SAAB. Sous la pression de l’Etat Major de l’armée de l’Air indien, la compétition a été étendue aux appareils de catégorie supérieure, permettant au Typhoon, Super Hornet et Rafale de participer. Etonnamment, suite à cette décision, l’opposition indienne a décidé d’attaquer violemment le contrat signé par le président Moodi concernant l’acquisition de 36 Rafale. Il est vrais que ce premier contrat permet à l’appareil de Dassault de se présenter lors de l’appel d’offres sont aucun frais d’adaptation aux besoins spécifiques indiens, puisque ceux ci ont déjà été faits. 

De plus, le choix de l’industriel Tata par Lockheed n’est pas anodin. En effet, Dassault avait refusé, lors des négociations concernant le contrat MMRCA, de garantir le bon fonctionnement des Rafales construits en Inde s’ils devaient être construit par Tata, l’industriel français le jugeant incapable de respecter les exigences qualitatives françaises.

Toutefois, tout n’est pas simple pour les Etats-Unis non plus. D’une part parce que l’Inde est très attachée à son statut de pays non aligné, lui permettant d’entretenir des relations équilibrées entre l’ensemble des acteurs de la géopolitique mondiale. Mais surtout, les industriels américains, comme le département d’Etat, se retrouvent piégé par la loi CAATSA qui menace de sanctions les pays faisant l’acquisition de systèmes de Défense sensibles d’adversaires des Etats-Unis, comme la Russie. Or, comme la Turquie, l’Inde a engagé des négociations prévues abouties pour l’achat de 6 régiments de missiles S-400 russes. De fait, pour maintenir leurs chances en Inde, les négociateurs américains doivent jouer sur l’interprétation des textes, ce qui est loin d’être une base solide pour construire un partenariat industriel Défense à long terme. A l’inverse, la présidence américaine ne peut se dédire sur un texte aussi emblématique du président Trump, par ailleurs le principal bras armé dans le bras de faire qui l’oppose à Erdogan.

Quoiqu’il en soit, le dossier indien est encore très loin d’être clos, que ce soit pour les américains, les russes comme les français.

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