jeudi, novembre 7, 2024

L’Armée de l’Air Indienne au secours du Rafale

Ce n’est pas un secret que l’Armée de l’Air Indienne aime beaucoup le Rafale. A plusieurs reprises, ses représentants se sont exprimés en faveur de l’avion de Dassault, fut-ce à la place des chasseurs furtifs russes Su-57 ou des chasseurs légers dans la compétition opposant le F16 Viper au JAS-39 Gripen.

Or, le contrat entre gouvernements concernant l’acquisition des 36 premiers Rafale de l’Armée de l’Air Indienne est depuis quelques temps sous le feu de l’opposition indienne et du sénat, avec les élections présidentielles de 2019 en ligne de mire. L’opposition accuse le gouvernement Moodi de corruption, arguant sur le prix unitaire très important des Rafale dans ce contrat. 

Dans les faits, ce premier contrat intégrait effectivement les 36 appareils construits en en France, ainsi que l’ensemble des travaux pour adapter les avions français aux spécificités indiennes, notamment en terme d’armement. En outre, il intégrait la création d’une plate-forme de maintenance permettant l’entretien de 150 Rafales, qui représentait, à terme, le parc souhaité par l’Armée de l’Air Indienne. En outre, ce contrat s’accompagnait d’un engagement d’offset de 50% des industriels français, engagement respectés par les membres du consortium Rafale avec, entre autres, Dassault Aviation, Safran pour les moteurs, Thales pour les équipements électroniques et le radar.

Malgré les réponses et explications répétées du gouvernement indien et de la ministre indienne de la Défense, l’opposition n’en démord pas, usant pour cela de campagnes de presse et internet pour asseoir l’opinion de son point de vue.

C’est la raison pour laquelle l’Etat-Major de l’Armée de l’Air Indienne a tenue à répondre publiquement aux allégations portées, dans une démonstration très efficace en 10 points, écartant toute accusation de corruption, et démontrant même que le contrat d’Etat à Etat entre l’Inde et la France était plus au bénéfice de l’Inde que ne l’était le contrat MMRCA qu’il remplaçait.

Reste que cette question est devenue aujourd’hui un enjeu central des élections à venir, au même titre que la proposition française l’est en Belgique. Et que l’avenir du contrat, et des éventuels contrats qui devaient logiquement suivre, sera déterminé en partie par les électeurs eux-mêmes, et les multiples campagnes d’influence en cours.

On ne peut toutefois pas écarter la possibilité d’une action concertée avec une nation extérieure, les Etats-Unis pour ne pas les citer. En effet, l’administration US n’a pas ménagé ses efforts pour tenter d’amener l’Inde à rejoindre sa sphère d’influence pour contrer la montée en puissance chinoise. En y parvenant, elle porterait également un coup sévère aux exportations d’armes russes, dont l’Inde absorbe presque la moitié chaque année, mais également de ses partenaires européens, comme la France.

Car les Etats-Unis pensaient avoir contrat gagné concernant l’appel d’offre pour le remplacement des Mig21 Indien par un appareil léger monomoteur. La compétition n’opposait plus que le suédois Saab au F16 Viper américain, lorsque le gouvernement Moodi, sous la pression de l’Armée de l’Air, décida d’ouvrir la compétition aux avions polyvalent bimoteurs comme le Typhoon, le F-18 et, bien évidemment, le Rafale. Or, avec les investissements pour adapter l’appareil aux besoins spécifiques indiens, la plate-forme de maintenance déjà en place, et deux escadrons en fonction et disposant des outils de formation, l’offre française partirait avec un avantage certains sur ses concurrents, nonobstant les performances supérieures de l’appareil lui même. En outre, les industriels français ont utilisé leurs investissements contractuels pour préparer la production locale de l’appareil Français, et soutenir l’industrie locale pour augmenter les performances du Tejas, le premier chasseur de facture indienne.

Or, le Président Moodi, s’il est favorable à un accord de Défense avec les Etats-Unis, n’est pas prêt à sacrifier ses relations avec la Russie, ni avec les Européens, pour ce faire. C’est ainsi qu’il a maintenu un contrat visant à acquérir 6 régiments de systèmes de défense antiaérien S-400 auprès de Moscou, en dépit du fait qu’il exposait l’Inde aux sanctions américaines du Countering America’s Adversaries Through Sanction Act, ou CAATSA. 

Il est donc surprenant de voir une campagne nationale pour corruption orchestrée par l’opposition indienne contre le président Moodi, apparaître seulement quelques semaines après l’extension de l’appel d’offre chasseur léger permettant au Rafale de concourir, alors que la cible de ces accusations résiste aux avances américaines…

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