Le 2 Octobre, l’ambassadeur américain auprès de l’OTAN a publiquement estimé que la Russie s’exposait à des mesures préventivessi elle persistait à développer son nouveau programme de missile de croisière à longue portée. L’ambassadeur Kay Bailey Hutchinson a même estimé que l’OTAN pourrait « détruire par elle même » ces missiles si Moscou ne coopérait pas.
Même si le lendemain, l’ambassadeur américain est revenu sur ses déclarations en précisant qu’il n’a jamais été question de frappes préventives, la menace à peine voilée de Washington a été parfaitement bien entendu par Moscou, qui a immédiatement réagit par la voix de sa porte-parole Maria Zakharova, qui parle de rhétorique dangereuse et fait allusion à une dérive vers un conflit généralisé, comme aux grands moments de la crise des Euromissiles en 1983.
Le missile en question est probablement le système 9M729 Novator, un missile de croisière supposé hypersonique, et dont la portée dépasserait de loin la limite de 500 km imposée par le traité INF de 1987, suite précisément à cette crise des Euromissiles, qui avait vu les deux blocs déployer des missiles nucléaires à portée intermédiaire Pershing II et SS20 en Allemagne Fédérale et Démocratique, faisant vaciller la paix en Europe.
Ce missile, issu du programme Iskander, serait lancé par un lanceur terrestre, et emporterait une charge nucléaire de moyenne puissance. En outre, si le missile est effectivement un missile de croisière hypersonique, les chances et délais d’interception pour les systèmes anti-missiles occidentaux, comme le Patriot PAC3 ou le THAAD, seraient quasi nulles.
Quoiqu’il en soit, cet épisode est très représentatif des évolutions rapides de la situation géopolitique mondiale, et de la fin de la période post-guerre froide, avec d’un coté le développement de nouveaux systèmes en violation des traités, de l’autre le recours à une sémantique guerrière.