Lors d’une visite au commandement sud de l’armée populaire de libération, le président XI Jinping a appelé les militaires à se préparer pour la guerre, et à garder les yeux braqués sur l’ile de Taïwan.
Cette déclaration intervient alors que les Etats-Unis ont consenti à moderniser significativement les armées Taiwanaises, notamment via un plan de modernisation de sa flotte de F16, des transferts de technologies pour concevoir un nouveau sous-marin, et le renforcement de la présence navale américaine autour de l’Ile.
Elle s’inscrit également dans une dynamique de tension entre Washington et Pékin, sur fond de guerre commerciale et financière entre les deux pays, et sur une suite de décalvation émanant du Pentagone ou de son environnement proche, estimant qu’une guerre prochaine avec la Chine était désormais possible, voir probable pour certains.
Si la déclaration du président chinois prend aujourd’hui un écho particulier, elle n’est cependant révélatrice d’un changement de position du leader chinois. S’il avait clairement mis le retour de Taiwan dans le giron de Pékin comme un des objectifs de sa présidence lors de sa prise de fonction, son discours s’est fortement durcit depuis le 19èmecongrès du parti communiste chinois, en octobre 2017, durant lequel le président avait annoncé qu’une option militaire serait envisagé si Taiwan ne rejoignait pas la Chine populaire d’ici 2020. Les menaces se sont depuis succédées, comme en mars 2018, lorsqu’il menaça l’ile « sécessionniste » d’une « punition historique »si elle ne coopérait pas.
Joignant le geste à la parole, l’Etat-Major chinois a annoncé ce printemps la constitution d’une force d’infanterie de marine forte de 6 brigades de 15.000 hommes pour 2020, une force dimensionnée pour un assaut sur l’ile de Taiwan. D’autant qu’en 2020, la flotte chinoise disposera de ses deux porte-avions opérationnels, de 6 navires d’assaut type 71, et de 4 croiseurs Type 55 pour appuyer une opération amphibie et aéroportée.
Cette rhétorique guerrière est par ailleurs fréquemment utilisée dans les médias chinois, et dans la communication de l’Armée Populaire de Libération, qui n’hésite pas à fréquemment s’inspirer des codes de communication américains et d’Hollywood pour renforcer l’efficacité du message portée.
Enfin, Pékin a pris grand soin d’isoler Taipei de la majorité de ses soutiens occidentaux, la majorité des dirigeants européens étant désormais plus que retissant à apporter leur soutien ou à vendre des équipements de Défense au gouvernement taiwanais, par crainte de représailles économiques.
Avec d’un coté un dirigeant chinois qui a fait de Taiwan l’objectif de sa mandature, un président américain qui entend bien tout faire pour empêcher la Chine de surpasser les Etats-Unis, un premier ministre Japonais également dans une rhétorique agressive, le sort de l’ile sécessionniste risque fort de déterminer le sort de toute la région, et même de la planète.