Alors que la crise en devenir concernant la sortie des Etats-Unis du traité INF focalise l’attention des médias spécialisés, les forces russes, elles, renforcent très sensiblement leur préparation opérationnelle.
Le Ministre de la Défense russe, le général Shoigou, a en effet annoncé à l’occasion du début des entrainements hivernaux le 3 décembre, que les forces russes participeront à plus de 4000 exercices et 8500 entrainements opérationnels de tout type au cours de l’année 2019. Il a également assuré que les inspections opérationnelles surprises seront maintenues, de sorte à garantir l’état de préparation opérationnelle et la capacité de réponse rapide des forces.
A ces exercices et entrainements, s’ajouteront les déploiements en zone de conflits, que ce soit en Syrie de façon officielle, ou dans le Donbass, de façon plus officieuse. Rappelons que les observateurs de l’OSCE ont à de nombreuses reprises observés dans le Donbass des équipements lourds en service uniquement dans les armées russes, comme le lance-roquette TOSS, ou le char T72B3M.
Cet effort de préparation des forces s’accompagne d’un effort inédit depuis la fin de l’Union Soviétique en matière d’équipements. Les armées russes vont, en effet, recevoir pour 20 Md$ d’équipements nouveaux au cours de l’année 2019, presque 3 fois le budget dédiés aux programmes à effets majeurs en France, alors même que les équipements russes sont entre 2 et 3 fois moins chers que les équipements occidentaux une fois la conversion en dollar effectuée.
Parallèlement, le ministre de la Défense a annoncé un nouveau plan destiné à soutenir les familles des militaires, une annonce très largement attendue par les militaires professionnels représentant désormais plus de 60% des effectifs des armées russes.
En à peine 10 ans, depuis les réformes de 2008 faisant suite à la guerre contre la Géorgie, les capacités de réponses opérationnelles des forces russes ont cru très significativement. Ainsi, en septembre 2018, l’exercice Vostok 2018 a rassemblé presque 300.000 militaires russes, dont 100.000 avaient été déployés dans les plaines de Sibérie orientale.
Cette préparation opérationnelle inquiète particulièrement le chef d’état-major ukrainien, le général Viktor Muzhenko, d’autant que, selon lui, les forces russes auraient constitué une nouvelle division blindée « de rupture », composée de 2 régiments de chars de combat, et deux régiments d’infanterie mécanisée, positionnée à quelques encablures de la frontière ukrainienne. Plus que jamais, l’état-major ukrainien craint que la Russie n’engage une action visant à relier la Russie et la Crimée, et accessoirement, priver l’Ukraine d’un accès à la mer d’Azov.
Il faut cependant prendre certaines réserves avec ces déclarations, l’Ukraine ayant déjà à plusieurs reprises annoncé l’imminence d’une offensive russe sur le sud du pays.
Il est cependant certain que les très importants efforts des armées russes pour disposer de forces à un niveau opérationnel et de réactivité, ne sont pas destinés uniquement à donner le change sur la scène médiatique internationale. Reste à en déterminer les objectifs avérés, et de s’y préparer…