Selon l’agence TASS, le chasseur Su-57 sera équipé d’un missile aux performances comparables à celles du missile hypersonique Kinjal. Il s’agit d’une nouvelle preuve du dynamisme de l’industrie de Défense russe, et de l’écart croissant qu’elle creuse avec l’industrie occidentale.
Depuis le début de l’année 2018, et les annonces faites par le président Poutine lors de la campagne présidentielle au sujet des nouveaux systèmes d’armes développés par l’industrie de l’armement russe, les annonces se multiplient, au point de menacer ce que toutes les capitales européennes prenaient, et prennent encore, pour acquis : la supériorité technologique des armées occidentale.
Durant cette conférence, le président russe présenta plusieurs systèmes d’armes en cours de développement : Le missile hypersonique Kinjal, la torpille drone transocéanique Status-6 Kanyon, le missile de croisière à propulsion nucléaire Burevestnik, le missile stratégique intercontinental Sarmat et le planeur hypersonique Avangard.
Les annonces ont fait l’effet d’un coup de massue en Occident, mais des doutes subsistaient sur la réalité de ces développements, et leurs calendriers. Depuis, les choses sont devenues beaucoup plus claires :
- Le missile hypersonique Kinjal, atteignant mach 6 et une portée supérieure à 2000 km, est d’ores et déjà en service. Il est transporté par des Mig31 spécialement modifiés, et sera prochainement adapté pour les bombardiers stratégiques navals Tu22M3M. Avec une telle portée, le Kinjal peut atteindre l’ensemble des nœuds stratégiques de l’OTAN à l’est de l’axe Londres-Paris, sans qu’il soit nécessaire au porteur de pénétrer l’espace aérien européen.
- Le missile de croisière Burevestnik, capable de voler à vitesse supersonique élevée sur une distance dépassant la circonférence terrestre, serait également entré en service, à en croire l’analyse des lois promulguées cet été en Russie.
- L’entrée en service du planeur hypersonique Avangard est prévue pour 2019. Ce planeur conserve une très importante capacité de manœuvre en phase de rentrée atmosphérique à vitesse hypersonique, le rendant à la fois très précis, et très difficile à intercepter.
- Le missile ICBM SARMAT entrera en service en 2021, et remplacera progressivement les missiles SATAN.
- Le statut de la torpille drone Kanyon reste plus confidentiel, mais certaines informations indiquent que les tests ont déjà commencé, et que l’entrée en service est prévue avant 2025.
A ces armes stratégiques, ayant capacité à transporter une charge nucléaire, s’ajoute de nombreuses armes conventionnelles qui, bien que n’ayant pas été abordées par le président Poutine, vont sensiblement renforcer les capacités militaires russes, parmi lesquelles :
- Le système antiaérien et anti-missile S-500, qui remplacera initialement les S-300 dans leurs missions antibalistiques, puis renforcera le S400 sur l’intégralité du spectre antiaérien et déni d’accès
- Le missile antinavire hypersonique Zircon, dont les tests à partir de plateformes navales et sous-marines débuteront en 2019
- Le missile air-air R37M d’une portée de 300 km, conçu pour éliminer les ravitailleurs et les Awacs de l’OTAN, doit entrer en service dès 2019
- Le char de combat T14 Armata,dont les premiers exemplaires arriveront dans les unités russes en 2019
- Le chasseur Su57 de « 5eme génération », qui entrera en service à partir de 2020
- Le système de protection anti-drone laser Perevest, d’ores et déjà en service
- Le drone de combat lourd Okhotnik, dont le premier vol interviendra en 2019
Enfin, de nombreux équipements de nouvelles générations aux performances largement étendues sont ou vont très prochainement entrer en service, comme le système de défense anti-aérien courte portée SOSNA, le système naval de défense de zone et de déni d’accès Poliment-redut, le système d’artillerie autotracté 2S35 Koalitsya, ou les sous-marins Iassen et Lada.
L’ensemble de ces équipements ont des performances comparables voir, pour certains, supérieures aux meilleurs équipements en fonction ou bientôt en fonction dans les armées occidentales. D’autres programmes sont en cours de développement, comme le bombardier stratégique de nouvelle génération PAK-FA, un hélicoptère de combat à haute vitesse, un supercalculateur mobile de 2,2 petaflops, et les hypothétiques chasseur à atterrissage et décollage court et vertical et chasseurs hypersoniques.
L’entrée en service de ces équipements sera évidemment, progressive, et les forces russes resteront encore longtemps équipées de version très largement modernisées de systèmes d’armes hérités de l’époque soviétique, comme les chasseurs Su30/34/35, les chars T72B3M, T90M, les systèmes antiaérien TOR, BUK et S300/400 ou les sous-marins 636.3 Improved Kilo.
Cependant, l’entrée en service de ces nouveaux systèmes, même en petit nombre, donnera, pour la première fois depuis l’apparition du MIG15 dans le ciel Coréen, l’ascendant technologique aux forces russes sur les forces occidentales, et surtout sur les forces européennes, qui restent aujourd’hui contraintes par une vision économique défaillante des gouvernants.
La force de la Russie, dans ce domaine, au delà d’une volonté politique forte, même en période de vaches maigres (comme entre 2013 et 2017 lorsque le baril de pétrole était à moins de 40$), repose sur une conception pragmatique et redondante de la majorité des équipements en service et en production (Su30 vs Su35, T14 vs T90M, S500 vs S400 etc..), des productions en petites séries destinées à évaluer les performances opérationnelles des équipements, et un tuilage des programmes, pour lisser les ruptures technologiques.
C’est ainsi que la Russie, malgré son PIB inferieur de 30% à celui de la France, parvient à égaler et même dépasser, d’ici 2025, la puissance militaire de l’Union Européenne, tant du point de vue technologique qu’opérationnel.