Si la puissance visible de l’US Navy repose sur ses 10 super porte-avions nucléaires, et la centaine de croiseurs et destroyers qui les accompagne, c’est surtout la cinquantaine de sous-marins nucléaire d’attaque de la classe Los Angeles et Virginia qui lui assure un contrôle presque exclusif des mers du globe.
Or, comme dans de nombreux domaines, le renouvellement de la composante sous-marine a été négligée ces 20 dernières années, perdant de son attrait avec la disparition supposée des conflits de nations, face aux opérations anti-terroristes de grande ampleur comme en Afghanistan et en Irak/Syrie. Si aujourd’hui l’US Navy perçoit en moyenne 2 sous-marins Virginia par an, elle retire du service 2,5 Los Angeles arrivant en limite d’âge.
En lieu et place des 66 sous-marins d’attaque réclamés par le commandement militaire pour être en mesure d’assurer l’ensemble des missions, elle ne disposera, en 2028, que de 42 SNA.
Parallèlement, la Russie, et surtout la Chine, ont entrepris de moderniser et surtout renforcer leurs propres forces sous-marines, ainsi que leurs moyens de lutte anti-sous-marine. La Russie a ainsi entrepris de développer 3 nouvelles classes de sous-marins d’attaque, le Lada, un sous-marin conventionnel disposant d’un module AIP, le Yasen, sous-marin nucléaire lance missile de croisière, et le futur Husky, qui prendra la relève des SNA Akula. Parallèlement, elle continue de mettre en service des sous-marins conventionnel du projet 638.3 Improoved Kilo. En outre, elle renforce sa flotte de surface ASM, avec de nombreuses corvettes équipées pour cette mission en eau peu profonde, comme en mer baltique et mer noire.
La stratégie chinoise est sensiblement comparable à la stratégie russe, mais dispose de moyens plus importants. Si la Chine ne dispose aujourd’hui que de 8 sous-marins nucléaires d’attaque, elle possède également une cinquantaine de sous-marins conventionnel, dont 17 Type 039A Yuan, disposant d’un module AIP étendant sensiblement leur autonomie en plongée. Surtout, la Chine lance chaque année entre 2 et 3 nouveaux submersibles, et ce chiffre est appelé à augmenter, la modernisation des chantiers navals Wuchang venant à peine de se terminer.
En outre, l’APL a mis en service ces dernières années pas moins de 20 corvettes ASM Type 056A, et 28 frégates Type 054A, disposant chacune d’un sonar de coque et d’un sonar à profondeur variable, de torpilles ASM et d’un hélicoptère.
Si les SNA américains conservent l’avantage en pleine mer, ils se retrouvent en situation défavorable dès lors qu’il leur faut faire face à ces flottes dans des zones comme la Baltique, en Méditerranée, ou aux alentours de l’Ile de Taiwan. Elle peut évidemment compter sur ses alliés, comme le Japon et ses 18 sous-marins d’attaque, ou les pays européens, disposant de prés d’une soixantaine de sous-marins d’attaque de tout type. Mais dans le cas d’un conflit autour de l’ile taiwanaise, par exemple, rien ne garanti Washington de l’intervention de Tokyo, Séoul ou de Canberra.
L’entrée en service de sous-marins de nouvelle génération, comme les Barracuda français et Australien, les type 214 turcs ou 212 NG en Italie, Allemagne et Norvège, va permettre à l’US Navy de temporiser un temps. Mais la Marine Chinoise semble déterminée à poursuivre son effort, pour être en mesure de s’imposer sur ce qu’elle estime être sa propre zone d’influence. Il serait donc surprenant que la production de nouveaux sous-marins chinois, comme de ses nouveaux bâtiments ASM, ne baisse dans un avenir proche.
Dès lors, les Etats-Unis seront obligés, à court terme, de redéfinir leur calendrier de production de submersibles, comme d’unités de surface, faute de quoi, ils perdront, pour un temps du moins, la suprématie navale qui fut la marque de leurs puissance depuis la fin de la seconde guerre mondiale.