Moins de un an après la parution de la LPM 2019-2025, présentée en son temps (il y a juste un an, donc), comme l’Alpha et l’Oméga des lois de programmation, qui allait sauvegarder les forces armées françaises de la rupture capacitaire en cours, il semble que les failles et les oublies de cette LPM commencent à apparaitre au grand jour, et nécessite des mesures d’urgence.
C’est le cas d’une grande partie du parc d’hélicoptères des 3 armées, dont beaucoup de voilures tournantes ont déjà soufflé leurs 30 bougies. Il était évident, avant même la parution de la LPM, que cette problématique représentait un enjeux critique pour les forces armées. Pour autant, le programme HIL, destiné à remplacer par moins de 160 hélicoptères moyens et leges dans les armées, a été intégré de sorte à ne prévoir l’entrée en service du premier exemplaire qu’en 2028, les hélicoptères qui avaient plus de 30 ans en 2018 auront donc plus de 40 ans.
Face à cela, les armées ont commencé à tirer le signal d’alarme, pointant notamment les prix croissant et délirant du maintien en condition opérationnel de ce parc. Au point que l’Amiral Prazuck, chef d’Etat-Major de la Marine, s’est dit favorable à louer des hélicoptères Dauphin ou H160 dans l’attente de l’entrée en service du futur HIL, plutôt que de continuer à faire voler ses Alouettes III, ses Dauphins et ses Lynx.
Face à l’urgence, donc, le ministère a fini par admettre l’evidence, et avancer de 2 années le programme HIL. Sans être suffisant, c’est déjà mieux. Mais pour financer cela, il a recours à une des vieilles ficelles du ministère de La Défense, le report de charge. Ainsi, l’acceleration du programme sera portée intégralement par les industriels, à savoir Airbus Hélicoptères, Safran et Thales, et sera payée par le ministère lors de la prochaine LPM, avec des intérêts. En d’autres termes, il s’agit de creuser encore davantage le reste à payer déjà abyssal du ministère des armées, qui atteignait 50 Md€ en 2017, et au sujet duquel le candidat E. Macron s’était engagé à le réduire à des niveaux beaucoup plus raisonnables . En effet, la dette de l’Etat vis-à-vis de certains industriels atteint des sommes ahurissantes, 4 Md€ pour Dassault Aviation semble-t-il, inversant évidemment le rapport e force lors des négociations au sujet de nouveaux contrats.
Concernant Airbus Hélicoptère, qui rappelons le vient de terminer un plan d’apurement de son personnel sur son site de Marignane, lui faire porter le poids de la dette apparait comme particulièrement hasardeux, alors que le marché des voilures tournantes redémarre a peine, et que de nouveaux acteurs, comme la Turquie, ou la Chine, arrivent sur le marché.
Cette modalité n’a en soit qu’une vertu, celle de paraitre opaque au niveau d’Euro-Stat, et donc de ne pas être décomptée dans la dette ou les deficits publiques. Et c’est probablement ce qui a amené le ministère à y avoir recours. Pourquoi, dans ce cas, ne pas basculer intégralement dans la doctrine de Défense à valorisation Positive, qui permettrait de financer dans une dynamique maitrisée l’augmentation des moyens des forces armées, tout en créant plusieurs centaines de milliers d’emploi ?
Mystère ….