Le programme de remplacement des MIG21 et MIG27 indiens ne cesse d’attiser les appรฉtits des constructeurs aรฉronautiques, qui se livrent ร une dรฉbauche de concessions pour faire tendre la balance en leur faveur. Aprรจs Lockheed qui propose une version dรฉdiรฉe et exclusive de son F16, le F21; Boeing qui propose un transfert integral de la ligne de production du F18 E/F Super Hornet, c’est au tour du russe MIG de proposer une coproduction intรฉgrale de son chasseur MIG35, qui participe lui aussi ร la compรฉtition.
Le groupe russe propose donc un transfert integral de technologies, la construction des infrastructures dรฉdiรฉes pour la fabrication et l’entretien de son chasseur lรฉger, et la formation et l’accompagnement des personnels, et ce, sur l’ensemble de la durรฉe du contrat.
Il faut dire que les opportunitรฉs d’exportations du Mig35 sont aujourd’hui trรจs limitรฉes, l’appareil souffrant de certaines limitations de sa lignรฉe, le Mig29, comme un rayon d’action rรฉduit, et une capacitรฉ d’emport plus limitรฉe que des appareils comme le F18 ou le Rafale. Mais il bรฉnรฉficie de trois atouts de taille en Inde :
- L’Indian Air Force utilise deja une flotte de Mig29, qui donne satisfaction, puisque le pays vient de commander en urgence une nouvelle escadrille de l’avion, afin de palier le vieillissement de son parc aรฉrien militaire.
- L’appareil russe est trรจs nettement moins cher que ses homologues occidentaux. Un Mig35 en condition ยซย Fly Awayย ยป ne dรฉpasse pas les 25 m$, probablement moins lors d’une commande dรฉpassant les 100 appareils. Mรชme si la productivitรฉ indienne est loin d’รชtre exceptionnelle, et que le prix de revient de l’avion produit localement dรฉpassera trรจs certainement le prix russe, il en va de mรชme pour les avions occidentaux. En d’autres termes, l’IAF pourrait financer 3 Mig35 pour le prix d’un seul F21 ou Rafale. Alors que l’IAF manque cruellement d’avions modernes, pour faire face au F16 et JF17 Pakistanais comme aux J10/11/16/20 chinois, l’argument du prix est loin d’รชtre neutre, d’autant que les transferts technologiques sont sensiblement comparables ร ceux d’un appareil comme le F21.
- La Russie et l’Inde procรจde ร un rapprochement rapide depuis quelques mois aprรจs plusieurs annรฉes de tension, la Russie ayant rรฉcemment annoncer renoncer ร vendre des armes militaires au Pakistan, un geste qui, bien รฉvidemment, est trรจs apprรฉciรฉ ร New Delhi. En outre, Moscou a montrรฉ une rรฉelle souplesse pour s’adapter aux besoins et spรฉcificitรฉs indiennes.
L’IAF pourrait รชtre tentรฉe de modifier, une fois encore, la portรฉe de son appel d’offre, de sorte ร mรฉlanger une commande d’un avion ร cout rรฉduit, comme le MIG35, mais รฉgalement comme le SAAG J39, et un appareil plus lourd, comme le Rafale, le F18, ou le Typhoon. Dans une approche de ce type, plutรดt que de financer 120 F21, l’IAF pourrait disposer, pour le mรชme prix d’achat, de 160 Mig35, et de 60 Rafales supplรฉmentaires.
Reste que la decision sera avant tout politique, et conditionnรฉe en partie par l’opinion publique indienne. Et dans ce domaine, la France est de loin la moins efficace, restant figรฉe dans une perception datรฉe des contrats de Dรฉfense ne dรฉpendant que de quelques personnalitรฉs bien placรฉes. La charge menรฉe contre le contrat Rafale par l’opposition indienne en 2018, montre les limites de cette approche. Elle n’aurait eu, en effet, qu’un impact trรจs limitรฉ si l’opinion publique indienne avait รฉtรฉ convenablement informรฉe des performances exceptionnelles de l’avion franรงais.