jeudi, mars 28, 2024

La résilience cyber française est-elle suffisante ?

On peut effectivement poser la question, à la vu des mises en garde faite par Guillaume Poupard à l’occasion du 10ème anniversaire de la création de l’ANSSI, l’Agence Nationale pour la Sécurité des Systèmes d’Information, organisme d’état chargé d’étudier et d’anticiper les menaces cyber qui visent le pays, et d’y apporter des réponses efficaces.

Selon lui, au-delà des menaces avérées en provenance d’autres états, certains groupes mafieux seraient, prochainement (comprendre ‘désormais’), en mesure de porter des coups violents au pays par des attaques cyber ciblées, notamment contre les réseaux bancaires ou d’énergie, ou pire, en visant des infrastructures stratégiques, comme les centrales nucléaires ou les barrages électriques. En d’autres termes, des groupes indépendants d’un cadre étatique seraient d’ores-et-déjà, ou seront prochainement, en capacité de mener des opérations de guerre sur le territoire national, et donc de vendre cette capacité aux plus offrants, que ce soit un groupe terroriste, ou un état voulant se distancier de l’attaque.

Si le budget de l’ANSSI a été amené de 80 m€ à 100 m€ en 4 ans, et ses effectifs augmentés de 350 à 600 collaborateurs, ces chiffres apparaissent bien dérisoires, sachant que l’agence est en charge de protéger une économie de 68 millions d’individus vivant pour leur immense majorité dans une forme de flux tendu de consommation, que le moindre grain de sable pourrait faire dérailler. En cela, les mises en gardes répétées et appuyées de M Poupard ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les prédictions de Cassandre à son père Priam, sachant qu’elle ne serait jamais écoutée, malgré son don de prescience.

Au delà de la vulnérabilité Cyber, au sujet de laquelle les propos de G.Poupard ne laissent guère de doutes, c’est donc bien la résilience nationale globale qui est désormais en jeu. Car s’il ne faudrait que quelques heures d’interruption des systèmes de distribution de billets pour déclencher des émeutes dans le pays, on imagine bien à quel point le pays serait dans l’incapacité de s’organiser pour répondre à une agression.

En d’autres termes, si la mission de l’ANSSI doit évidemment être renforcée, et ce massivement, de sorte à aligner les moyens déployés avec la réalité des menaces et des risques encourus, il apparait indispensable d’entamer simultanément une action destinée à renforcer la résilience populaire nationale, à l’image de ce qu’a fait le gouvernement Suédois il y a quelques mois, ou le Président Poutine il y a deux ans, en exigeant des entreprises, services publics, et citoyens russes d’être en mesure de fonctionner dans une mode dégradé autonome correspondant à une situation de guerre.

Ce réflexe, nos grands-parents, et parfois nos parents, l’avaient, quand ils gardaient une reserve importante de sucre, d’huile, de pâtes/riz/purée dans les placards, et de billets de banques dans le placard. Les générations actuelles, en revanche, dont aucune n’a connu un temps de guerre, sont déconnectées de ces précautions. Les réserves alimentaires non périssables des foyers français (y compris le mien, ndla) ne dépassent que rarement quelques jours, et bien peu sont ceux qui disposent de moyens pour pallier l’absence d’électricité, de gaz, et encore mois d’eau potable.

Alors que les tensions mondiales ne cessent de s’accroitre, n’apparaitait-il pas raisonnable d’entamer une telle démarche, de sorte à ne pas devoir se rendre sans combattre, le cas échéant ?

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