Comme la majorité des pays, la Russie fait appel à de nombreux composants électroniques importés, principalement d’Asie et des Etats-Unis qui restent à la pointe en matière de semi-conducteurs à haute performance. Avec la dégradation semblant inéluctable des relations avec les Etats-Unis et ses alliés, la Russie se devait de proposer des solutions alternatives pour équiper ses systèmes de Défense et d’Etat en systèmes informatiques et électroniques.
Un plan visant à renforcer l’autonomie stratégique du pays a été lancé par V. Poutine en 2015, avec des ambitions multiples, comme l’augmentation de la production agricole pour arriver à l’autosuffisance en 2020, l’accélération des programmes nationaux de transport, de communication et d’énergie, avec une part grandissante des technologies nationales, le contrôle du réseau internet intérieur, et la conception de solutions informatiques et électroniques nationales.
Ce dernier point fait l’objet d’une attention particulière depuis l’embargo américain sur les composants et les services vis-à-vis du numéro 2 mondial des Smartphones, le chinois Huaiwei. Moscou, comme Pekin, a anticipé ce risque depuis plusieurs années, et a développé son propre système d’exploitation, baptisé Astra, basé sur le noyau Linux, qui équipe désormais les ordinateurs du ministère de La Défense et du FSB, et bientôt remplacera l’ensemble des systèmes Windows dans l’administration russe. Coté composants électroniques, le géant industriel russe Rostec vient de présenter le micro-processeurs MTsST-R, successeurs des processeurs Erbus, en architecture h64, sui permet désormais à la Russie de construire ses propres PC avec un haut degrés d’autonomie.
Parmi les programmes les plus sensibles à un éventuel embargo occidental sur les composants électroniques, le système de géolocalisation Glonass est à la fois l’un des plus vulnérables, et des plus stratégiques pour Moscou. Un plan visant à remplacer l’intégralité des composants non-nationaux du système d’ici 2023 vient d’être annoncé par les autorités russes, sous la responsabilité de la société d’Etat Roscosmos.
On ne peut s’empêcher de constater que si les Etats-Unis, la Chine et la Russie renforcent très rapidement leur résilience stratégique, l’Europe ne met en oeuvre aucun plan pour réduire sa dépendance économique à la Chine, énergétique à la Russie, et militaire aux Etats-Unis.