Le député de la Haute-Marnes, François Cornut-Gentille, qui fut par ailleurs maire de la ville de Saint-Dizier accueillant la BA113 et ses 3 escadrons de Rafale de l’Armée de l’Air, est depuis de nombreuses années, un des rares députés au fait des questions de défense. Rapporteur du budget des armées à la commission des finances, il a interrogé la ministre des armées, Florence Parly, sur l’évolution de la disponibilité et le maintien en condition opérationnelle des quelques 448 hélicoptères en service dans les armées françaises.
Depuis sa prise de fonction, cette dernière mène une action visant à améliorer cette disponibilité, que l’on sait très insuffisante depuis plusieurs années. Malheureusement, en 2018, la situation, si elle s’est légèrement améliorée, est toujours très loin d’être satisfaisante, comme le montre le tableau ci dessous, transmis en retour de la requête de M. Cornut Gentille.
Type | Nb d’appareils au 31/12/17 | Nb d’appareils au 21/12/18 | Dispo (%) en 2017 | Dispo (%) en 2018 | Age moyen au 31/12/2018 | Cout de l’entretien de la flotte (m€) |
Alouette III | 19 | 18 | 39,7 | 44,7 | 45,1 | 14,3 |
Gazelle | 99 | 89 | 49,2 | 46,2 | 33,1 | 37,2 |
Fennec | 58 | 58 | 40,1 | 38,65 | 26,7 | 24,1 |
Tigre HAP | 38 | 37 | 23 | 28,1 | 9,4 | 90,1 (+HAD) |
Tigre HAD | 24 | 29 | 34 | 30,2 | 3,1 | |
Cougar | 26 | 26 | 23,6 | 27 | 28,2 | 43,1 |
Puma et Super Puma | 88 | 76 | 32,9 | 31,6 | 43,4 | 81,0 |
EC 725 Caracal | 18 | 18 | 26,5 | 40 | 12,9 | 72,8 |
Dauphin | 11 | 11 | 51,9 | 43,5 | 31,6 | 26,8 (+ Panther) |
Panther | 16 | 16 | 39,6 | 39,9 | 23,4 | |
Lynx | 18 | 15 | 18,8 | 15,5 | 38,2 | 17,7 |
NH90 NFH | 19 | 22 | 34,2 | 35,5 | 4,6 | 81,2 |
NH90 TTH | 25 | 33 | 36,1 | 30,4 | 3,2 | 74,0 |
Il est remarquable de constater que les hélicoptères modernes, comme le Tigre HAP/HAD, et le NH90 NFH/TTH, ont une disponibilité moyenne inférieure à 1 hélicoptère sur 3 en parc. Les Chefs d’Etat-Major de l’Armée de terre comme de la Marine ont, à ce titre, fait connaitre leur exaspération, que ce soit au sujet du manque de maturité du NH90 qui nécessite 30 heures de travail par heure de vol, ou du Tigre, dont la chaine logistique reste très défaillante. A noter que cette défaillance avait été également remarqué par l’Australie, seul client à l’exportation de l’appareil européen, qui envisagèrent un retrait prématuré de la flotte du fait du manque de réactivité des industriels en matière de pièces détachées.
Au delà des aspects technologiques, et financiers, cette faible disponibilité pose évidemment d’importants problèmes opérationnels, car seuls 160 appareils sont effectivement disponibles sur les 448 en parc. Ainsi, la Marine Nationale ne dispose en moyenne que de 7,5 NH90 et 3 Lynx, soit 10,5 hélicoptères aptes à mener des missions de lutte anti-sous-marine. Déduis des appareils indispensables à l’entraînement et la formation, elle ne dispose donc pas de suffisamment d’hélicoptères pour gréer ses frégates de lutte anti-sous-marine, qui effectuent chacune plus de 160 jours de mer chaque année. Pour l’Armée de terre, les 80 hélicoptères disponibles, dont 30 gazelles aujourd’hui très vulnérables, ne permettent de gréer, que 2 Régiments d’hélicoptères de Combat sur les 3 existants, en sollicitant la totalité des voilures tournantes disponibles.
Notons enfin que l’indicateur choisi, à savoir la disponibilité moyenne annuelle des appareils, est bien peu efficace, puisqu’une baisse de l’activité opérationnelle, lors de la fin d’une OPEX, par exemple, suffirait à le faire croitre, sans pour autant résoudre la problématique de l’impact de la maintenance par heure de vol de l’aéronef. Un nouvel indicateur, prenant en considération non seulement la disponibilité, mais l’activité effective des voilures tournantes, serait, à ce titre, beaucoup plus efficace, et éclairant sur les actions à mener.