A l’occasion de la conférence de presse donnée le 13 juillet en amont du Défilé militaire de la Fête Nationale, le président Macron a détaillé la stratégie spatiale française pour les années à venir. Celle-ci commence par le rattachement du Commandement Interarmées de l’Espace, ou CIE, sous le commandement de l’Armée de l’Air, comme celle-ci l’avait réclamée. Du coup, l’Armée de l’Air devient « l’Armée de l’Air et de l’Espace ». Cette nouvelle architecture ne sera pas sans poser de problèmes, puisque les 3 armées, ainsi que la DRM, avaient des effectifs appartenant au CIE, avec des approches spécifiques.
Le second volet, beaucoup plus interessant, détaillé par le président est le changement de doctrine spatiale pour la France. Plus question désormais de rester spectateur lorsqu’un satellite d’une autre nation viendra menacer ou mener l’action de nos propres unités. La France sera désormais « offensive » dans l’Espace, comme elle l’est depuis peu dans le domaine cyber. Concrètement, cela suppose de developper des systèmes pour être en mesure de contrer, donc de dissuader, un adversaire potentiel spatial. On pense naturellement à la dernière communication de l’ONERA au sujet de ses travaux sur les Laser à optique adaptative, capables de viser un satellite même lorsque la couche nuageuse est épaisse, pour rendre ses optiques inopérants. Il est probable que d’autres solutions, plus radicales, seront également développées maintenant que la France a officiellement adopté une nouvelle doctrine, comme des armes micro-ondes, des attaques cyber, des lasers à haute énergie, et, pourquoi pas, des armes cinétiques (missiles, rail gun). Il reviendra à l’Etat-Major de l’Armée de l’Air et de l’Espace d’apporter les solutions adaptées pour y répondre rapidement.
Reste à voir comment ces ambitions vont réellement prendre forme, dans la mesure ou la LPM actuelle ne laisse que très peu de marges de manoeuvre pour intégrer de nouveaux postes de dépense. Les industriels français, comme Airbus DS, Thales et Dassault, sont en mesure d’apporter des solutions susceptibles de faire basculer la France dans le club des nations spatiales militaires les plus performantes, encore faut-il financer ces programmes, avec des délais cohérents. En créant le US Space Force, le Pentagone lui attribua également un budget annuel de 500 m$ sur 5 ans. Si la France ne faisait pas de même, avec un budget suffisant et garanti pluriannuellement, ces annonces risquent de se limiter à n’être que cela … des annonces, tout au moins durant l’exécution de la LPM, menant jusqu’en 2025.
Une chose est certaine, cependant; La perception du besoin d’investissements dans La Défense nationale commence, depuis peu, à dépasser le cadre purement de politique intérieure pour rejoindre celui imposé par les bouleversements géopolitiques internationaux. Il était temps …