Voilà qui ne sera pas de nature à rassurer les Français au sujet du programme MGCS[efn_note]Main Ground Combat System[/efn_note], dont la maitrise d’ouvrage doit être assurée par l’Allemagne. Le programme, attribué à la société Krauss Maffei Wegman, visant à produire 350 véhicules blindés de combat d’infanterie modernes Puma à destination des forces allemandes, a vu son prix s’accroitre de 2,9 Md€, doublant presque le cout total de celui-ci. Et le prix unitaire de ce VCI chenillé de 32 tonnes atteint désormais les 7 millions d’Euro, deux fois le prix d’un VCI de même catégorie comme le Boxer ou le VBCI.
Selon le ministère de La Défense allemand, cette augmentation avait été anticipée, et résulte de l’augmentation des équipements, notamment informatique et de communication, embarqués par le blindé. Il n’empêche que, ramené au nombre d’unités commandées, les 2,9 Md€ représentent une élévation des couts de plus de 8 millions d’euro, et un prix unitaire atteignant les 15 millions d’euro, soit le prix d’un char lourd moderne comme le Leopard 2 A7. Rappelons que, dans le même temps, le chars lourds T90MS russe ou le T99 chinois sont proposés à l’export à moins de 3 m$ pièce, et que le T14 russe est considéré comme « trop cher » par l’Etat-Major russe car son prix dépasse les 3,5 m$..
Cette dérive des couts n’est pas sans rappeler d’autres exemples, comme l’EuroMale européen dont la maitrise d’oeuvre est également assurée par l’Allemagne, et interpelle nécessairement en France, ou la BITD a su s’adapter pour proposer des équipements à des couts très compétitifs, comme le VBCI Lourd équipé de la tourelle CT40 à moins de 5 m$, le VBMR griffon à moins d’un million d’euro, et même le programme Suffren à 9 Md€ pour 6 sous-marins nucléaires d’attaque, soit un prix comparable à celui de 6 sous-marins Type 212 NG allemands, plus petits, moins puissants, et dépourvus de propulsion nucléaire.
Espérons que, dans les différents programmes franco-allemands en cours, comme le SCAF et le MGCS, les allemands sauront s’inspirer des approches françaises pour maintenir des prix cohérents et interdire les dérives de programmes comme celle-ci.