Sur l’ensemble des capitales occidentales et asiatiques sollicitées pour participer à une coalition « anti-Iran », Donald Trump n’aura, finalement, obtenu le soutien que de la Corée du Sud, dont les moyens de projection dans le golfe persique sont limités. Dans le même temps, l’initiative lancée par Jeremy Hunt, alors ministre des affaires étrangères de Grande-Bretagne, pour protéger les navires de commerce occidentaux dans la même région, obtint, en quelques jours, le soutien formel de la France, de l’Italie et du Danemark, alors que l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède et l’Espagne ont annoncé soutenir l’initiative, notamment par des moyens aériens, et ce malgré le Brexit.
Si l’initiative européenne pourrait être remise en cause suite à l’arrivée de Boris Johnson au 10 Downing Street, la différence de réponse entre les deux initiatives marquent clairement un essoufflement marqué du soutien des européens, mais également des pays de la zone indo-pacifique, à l’allié américain. Car dans le même temps, il y a quelques mois, l’Australie a initié le rassemblement des pays alliés de la zone autour de concept de défense et de coopération, sans y inviter les Etats-Unis.
La prise de distance des alliés des Etats-Unis avec les initiatives de la Maison Blanche ont plusieurs causes, bien que toutes liées, ou exacerbées, par le président américain, Donald Trump. Pour les Européens, il s’agit avant tout de tenter de préserver, autant que possible, ce qui peut être préservé de l’accord sur le Nucléaire Iranien, qui visait à lever certaines sanctions économiques touchant le pays contre la garantie de ne pas developper de programme nucléaire militaire. Il est, dès lors, impossible aux européens de rejoindre une coalition avec le pays qui est à l’origine des tensions actuelles, lorsqu’il s’est retiré de l’accord, qu’il rétablit les sanctions contre Téhéran, et qui menace de sanctions extraterritoriales les pays et entreprises qui continueraient à tenter d’appliquer cet accord.
Pour les australiens, mais également les japonais, sud-coréens ou indonésiens, il s’agit de se distancier des positions de Washington vis-à-vis de Pekin, notamment en matière de sanctions économiques et douanières, les économies des pays de la zone indo-pacifique étant évidemment très dépendantes de l’économie chinoise.
L’émancipation diplomatique de ces pays vis-à-vis de Washington va, toutefois, rapidement atteindre ses limites, en se heurtant à des réalités opérationnelles et économiques, comme la dépendance des forces européennes au soutien logistique et au renseignement américain, et celle des pays de la zone pacifique à la dissuasion US. Et c’est bel et bien fort de cette certitude que le Donald Trump et son administration se permettent des prises de position et des déclarations de plus en plus excessives et parfois outrageantes qui, venant de n’importe quel autre chef d’Etat ou gouvernement, aurait provoqué des incidents diplomatiques à répétition. Il ne tient qu’aux européens de developper leur autonomie stratégique pour rebâtir des relations plus saines, et plus équilibrées, avec Washington, et donc avec Moscou et Pekin. Encore faut-il en avoir la volonté …