Le rapport d’activité 2018 de l’Armée de l’Air nous apprend que les avions de combat de l’Armée de l’Air ont effectué en 2018 plus de 10.000 heures de vol en opérations exterieures (en progression de 20% vis-à-vis de 2017), au cours de presque 2800 missions de combat. Ces valeurs expliquent, à elles seules et en grande partie, les tensions qui touchent la disponibilité de appareils de l’Armée de l’Air, aujourd’hui clairement sous-dimensionnée vis-à-vis de la pression opérationnelle à laquelle elle doit faire face.
En effet, le format actuel de l’armée de l’Air se compose de 102 Rafale B et C, 71 Mirage 2000D, 40 Mirage 2000-5 et C, et de 7 Mirage 2000B d’entrainement, soit 220 appareils en 2019. Sur la LPM2019-2025, elle devra recevoir 28 Rafale supplémentaires, et verra 65 de ses Mirage 2000D modernisés, alors que les Mirage 2000-C seront retirés du service, pour disposer, en 2025, de 131 Rafale, 66 Mirage 2000-D, 25 Mirage 2000-5 et peut-être 3 ou 4 Mirage 2000B, soit 225 appareils. A terme, ce format doit être ramené à 185 avions de combat, comme prévu par le Livre Blanc sur La Sécurité et La Défense Nationale de 2013.
Le format de 185 avions de combat est conçu afin de permettre à l’Armée de l’Air de projeter en permanence l’équivalent de 15 appareils sur les théâtres extérieurs, en Opex ou en en missions interalliées, tout en assurant les missions intérieures et la formation des équipages. Dans ce modèle, 5 appareils sont dédiés à la transformation opérationnelle et à la formation technique et 30 appareils (Rafales) équipent les 2 escadrons de la force aérienne stratégique. Il reste dont 185-(5+15+30) = 135 appareils dans le parc. Chaque appareil passe, en moyenne, 4 mois en maintenance par an, soit 62 appareils sur les 185 du parc. Les 73 appareils restants assurent quand à eux la Permanence opérationnelle, la participation aux exercices, la réserve tactique servant de tampon vis à vis des avions projetés, et la formation des pilotes. Autant dire que ce format ne dispose d’aucune réserve face à une quelconque cause d’activité.
Or, considérant qu’un avion de combat effectue en moyenne 250 heures de vol par an, les 10.000 heures de vol en Opex de 2018 ne représentent pas 15 appareils, mais l’équivalent de 40 appareils projetés en permanence en utilisation normale, soit à 250 heures de col par an pour 4 mois de maintenance. Si l’Armée de l’air ne projette pas à chaque instant autant d’appareils, car en moyenne le nombre d’appareils projetés s’établit entre 15 et 20, la pression opérationnelle sur ces aéronefs est beaucoup plus importante, réduisant leur durée de présence potentielle , et donc consommant beaucoup plus de potentiels d’appareils sur l’année.
En remontant la démonstration précédente de façon proportionnelle, nous arrivons donc à un besoin de 40 appareils pour les missions Opex, 5 pour la formation, 30 pour les FSA, 40 appareils pour la reserve stratégique, 15 appareils assurant la PO, et 100 appareils pour l’entraînement, la formation des pilotes, et les exercices interalliées. À ces 230 aéronefs en parc disponibles, nous devons ajouter les effets de la maintenance, soit 115 unités, pour un total de 335 appareils.
Une fois ramené aux 225 avions en parc en 2025, il y a donc un déficit constaté de 110 avions de combat pour l’Armée de l’Air, ou de 35% vis-à-vis de son parc théorique de calcul de 335 aéronefs. Il est inutile d’étendre la comparaison avec les 185 avions du LBDSN2013, ou de la RS2017, l’écart étant encore plus flagrant.
Comment, dans ces conditions, l’Armée de l’Air parvient-elle à assurer un tel déploiement de force ?
Comme l’ensemble des armées françaises depuis 20 ans, l’Armée de l’Air sur-consomme aujourd’hui son potentiel militaire, de sorte à tenir le rythme imposé par la demande politique. De fait, les pilotes sont moins formés, les avions sont moins disponibles. Et si, un jour, des tensions internationales intervenaient et que la France devait mobiliser ses forces, l’Armée de l’air ne parviendrait à aligner guère plus d’une cinquantaine d’appareils de combat et d’équipages avec le potentiel et l’entrainement suffisant pour participer à des opérations majeures de guerre …
Pour pallier ce problème, il serait nécessaire de dédier une ligne de production Rafale (14 appareils par an) aux armées françaises de 2020 à 2040, soit 280 appareils, permettant de porter le parc de l’Armée de l’Air à 340 aéronefs, et celui de l’Aéronavale à 80. Cela représenterait un cout annuel de 1,5 Md€ pour le budget des Armées, mais générerait plus de 40.000 emplois en France, dont 15.000 directs, eux mêmes produisant 1,2 Md€ de recettes sociales et fiscales chaque année, et une économie sociale de 400 à plus de 800 m€. Le changement d’échelle de la flotte Rafale, qui passerait alors de 150 à 400 appareils, permettrait de diminuer les couts de maintient en condition opérationnelle, d’optimiser la chaine logistique et la disponibilité, et d’augmenter l’évolutivité des appareils. En outre, un programme national ambitieux ouvrirait des opportunités commerciales importantes en permettant de proposer à certains clients potentiels de rejoindre le programme Rafale dans une forme de co-production, à l’image de ce que font les Etats-Unis avec le F35 et le F16, pour devenir un partenaire industriel et stratégique dans la durée, avec un intérêt économique et technologique beaucoup plus marqué.
[…] de 2017, comme lors de sa révision de 2021, et ce, même s’il était évident que ce format n’était pas même suffisant pour soutenir la pression opérationnelle des opératio…. En outre, si les livraisons d’A400M et d’A330 MRTT continuèrent au delà de 2015, […]