Des soldats chinois participent à un exercice anti-émeute à Hong Kong

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L’Armée populaire de libération (APL) a publié une vidéo montrant des soldats chinois participant à un exercice anti-émeute à Hong Kong. Cette publication coïncide avec la déclaration du général Chen Daoxiang, commandant de la garnison de l’APL à Hong Kong, qui a qualifié les manifestations d’« absolument intolérables ». 

Pour rappel, Hong Kong traverse l’une des plus graves crises politiques de son histoire avec huit week-ends consécutifs de manifestations massives. Initialement ces manifestations avaient pour but de s’opposer à l’amendement de la loi d’extradition par le gouvernement de Hong Kong, maintenant, les revendications vont jusqu’à l’appel à la démission de la cheffe de l’exécutif de Hong-Kong, Carrie Lam, et plus largement à volonté de préserver la démocratie.

A noter que cette annonce intervient une semaine après que le 74e groupe d’armées de l’APL révèle sur son compte Weibo que plusieurs brigades sous son commandement ont commencé des entraînements à Zhanjiang, une ville située à 320 km au sud-ouest de la côte du Guangdong, la province du sud de la Chine limitrophe de Hong Kong.

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Le gouvernement central envoie donc un signal clair aux manifestants : « Toutes les conséquences sont à vos risques et périls » (后果自负) – pour reprendre les mots des militaires s’entraînant à l’exercice anti-émeute – mais une question se pose : la République populaire de Chine peut-elle envoyer l’APL pour mettre fin à ces manifestations ?

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Symbole fort : l’emblème national du bureau de liaison de Pékin à Hong Kong a été dégradé par des manifestants lors des rassemblements du 28 juillet.

Point légal : l’article 14 de la la loi fondamentale de la région administrative spéciale de Hong Kong – véritable constitution locale – dispose que le gouvernement de Hong Kong peut demander au gouvernement central l’aide de la garnison de Hong Kong de l’APL pour le maintien de l’ordre public et les secours en cas de catastrophe. Carrie Lam pourrait donc légalement demander à la garnison de l’APL d’intervenir au motif du maintien de l’ordre public.

Cependant, Hu Xijin, rédacteur en chef du journal d’État Global Times, analyse que Pékin ne serait pas en mesure de diriger efficacement la ville, même si l’APL n’aurait aucun mal à isoler les manifestants les plus véhéments. De plus, il alerte que le PCC n’a pas la même emprise sur l’ancienne colonie britannique que sur ses autres régions : « Devrions-nous établir une branche du parti dans chaque district et communauté de Hong Kong [après une prise de pouvoir hypothétique de l’APL] ? » écrit-il sur son compte Weibo. Une telle intervention alimenterait les revendications de l’opposition qui aurait tous les moyens de résister et de semer le trouble.

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Par ailleurs, la critique des nations occidentales serait vive à l’encontre de Pékin : d’une part, pour avoir détruit son « Un pays, deux systèmes », d’autre part, pour l’aspect répressif de cette intervention. Rappelons que depuis la répression des manifestations de la place Tian’anmen, la Communauté européenne a mis en place un embargo sur les armes contre la Chine, embargo soutenu par les États-Unis et le Japon.

En définitive, la grande incertitude et le coût politique d’une intervention de l’APL à Hong Kong seraient conséquents. Les potentielles conséquences d’une intervention constitueraient un risque à la stabilité du pays non négligeable pour le gouvernement central de Xi Jinping.

Clément Guery
Spécialiste des questions de politiques étrangère et de sécurité de la République populaire de Chine.

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