Selon le site Defenseworld.net, la Défense anti-missiles japonaise, composée de systèmes radars sur la côte nipponne et des systèmes Aegis équipant les destroyers de la classe Kongo et dérivée, ont été dans l’incapacité de suivre les derniers essais du missile balistique à courte portée KN-23 lancés de Corée du nord. En effet, le missile, qui utilise comme le système Iskander russe, une trajectoire semi-balistique, évolue à une altitude autour de 60 km, le situant sous le plafond d’engagement des systèmes anti-missiles comme le THAAD et le SM3/6, mais au dessus des systèmes anti-aériens comme le Patriot ou le SM2. En outre, le missile peut évoluer lors de de son vol semi-balistique, rendant la pré-determination de sa trajectoire impossible par les calculateurs des systèmes anti-missiles balistiques.
Nous avions déjà signalé cette spécificité du nouveau missile nord-coréen, comme celle des missiles Iskander russes, ou le Fateh 110 iranien, permettant à ces systèmes de profiter des limitations des systèmes anti-missiles actuels. Mais si les limitations des missiles étaient connues, c’est la première fois qu’apparait une limitation des systèmes de détection, notamment du système Aegis, que le Japon a acquis a grand frais pour équiper ses 8 destroyers des classes Kongo, Atago et Maya, dotés du très onéreux radar AN-SPY1-D et des missiles SM3 et SM6, qui équipent également les croiseurs Ticonderoga et les destroyers Arleigh Burkes américains, les Hobarts australiens, les Fridjoft norvégiens, les Alvaro de Basan espagnoles et les Sejong the great sud-Coréen.
Pourtant, ce type de trajectoire n’est pas une nouveauté. En effet, en 1991, le nouveau missile balistique tactique français Hades, destiné à remplacer les missiles Pluton, adoptait déjà ce profil de vol, dans le but de déjouer les défenses anti-missiles S300 en service dans les forces soviétiques. La disparition du pacte de Varsovie puis de l’Union Soviétique entraina le retrait du service des Hades en 1997 qui, pourtant, avaient une avance importante dans le domaine des armes balistiques à courte portée.
De fait, le nouveau missile nord-coréen, dont la portée lui permet d’atteindre les cotes japonaises, représente désormais une menace réelle contre le pays, jusqu’ici confiant dans son bouclier anti-missile, face à la Corée du Nord tout du moins. Longtemps considéré comme une arme d’un autre temps, le missile balistique tactique a su évoluer pour déjouer les systèmes anti-balistiques, et s’impose désormais comme une arme de première intention redoutablement efficace, et relativement bon marché, là mettant à la portée de nombreuses bourses. Dans ce domaine, le savoir-français est unique en Europe, et mériterait d’être mis à jour pour équiper la Défense européenne de systèmes similaires, pour renforcer la dissuasion globale du continent.