Dans un communiqué de presse diffusé par l’agence Wam, le ministère des affaires étrangères des Emirats arabes unis a annoncé rejoindre la coalition navale constituée autour des Etats-Unis, et rassemblant la Grande-Bretagne, l’Australie et Bahrain à ce jour. D’autres pays, comme la Pologne et la Corée du Sud, ont annoncé leur intention d’y participer. En revanche, les pays européens, s’ils peinent à constituer une force navale autonome pour assurer la protection des navires de commerce dans le Golfe, refusent toujours de rejoindre cette coalition américaine, afin de tenter jusqu’au bout de sauver les accords de Vienne.
Cette annonce intervient alors que Washington vient de promulguer un nouveau train de sanctions économiques directes et indirectes contre Téhéran, présenté par le président Trump comme les plus importantes sanctions jamais imposées par les Etats-Unis. Concomitamment, ce dernier a annoncé son intention d’augmenter le dispositif militaire américain en Arabie saoudite, afin de renforcer la défense aérienne et anti-missile du Royaume comme de ses infrastructures. Il est même évoqué le possible déploiement d’une batterie de missiles anti-balistiques THAAD, jusqu’ici réservé aux pays alliés les plus proches, comme les membres de l’OTAN, ou la Corée du Sud. Il faut noter toutefois que le THAAD, s’il est conçu pour intercepter les missiles balistiques, est incapable d’intercepter d’autres formes de menace.
Ces annonces ont également pour objectif de dissuader Riyad de se retourner vers Moscou pour acquérir des systèmes de défense anti-aériennes, suite à l‘attaque des installation d’Aramco ayant entrainé l’arrêt de la moitié de la production pétrolière du pays. En effet, il semble que les sites de Abqaïq et Khurais, victimes de ce qui semble être des attaques menées simultanément par des drones et des missiles de croisière, étaient protégés par des batteries de missiles Patriot, qui ont été dans l’incapacité de détecter les menaces, et donc, bien évidemment, de les intercepter.
Or, la Russie propose des systèmes de protection qui ont fait leurs preuves en Syrie contre de multiples attaques par drones, obus, roquettes ainsi que contre des missiles de croisière (l’efficacité contre ces derniers n’a pas été démontrée, les occidentaux refusant l’interception d’aucun de leurs missiles lors de l’attaque contre les installations chimiques syriennes). Les sites russes syriens de Tartous et Hmeimim sont protégés par des batteries de S-400 associées à des systèmes à courte-portée Tor M1/M2 et des CIWS Pantsir S2. Si ces derniers ont eu quelques difficultés face aux plus petits drones, il s’est révélé efficace contre les roquettes et obus de mortier, surtout lorsqu’il est associé au système Tor. De fait, il n’aura fallut que quelques heures à Moscou, suivant l’attaque contre les sites pétroliers saoudiens, pour proposer des solutions de protection à Riyad ainsi qu’à ses voisins, sachant qu’en outre, Washington était dans l’incapacité de se positionner sur ce marché car ne disposant, pour l’heure, d’aucun système comparable au Tor ou au Pantsir.
En renforçant sa présence sur le sol saoudien, et en déployant une probable batterie THAAD, les autorités américaines espèrent donc dissuader le Royaume Saoudien de céder aux offres russes, ce qui, à l’instar des tensions engendrées en Inde et surtout en Turquie, ne pourrait être ignoré par Washington. Toutefois, ce déploiement restera limité, inférieur à 300 hommes, sans que l’on sache s’il s’agit d’une volonté américaine ou saoudienne.