L’Inde est aujourd’hui, le plus important importateur de systèmes de Défense au Monde, avec plus de 17 Md$ d’achat d’équipements en 2018 auprés de la Russie, des Etats-Unis, de la France pour ne citer que les principaux. C’est aussi, selon un avis largement partagé, le marché le plus complexe. Il suffit pour s’en rendre compte d’observer la durée des programmes d’acquisition, et surtout le nombre de programmes lancés, puis annulés, pour être relancés après quelques temps. C’est le cas du programme MMRCA qui devait permettre l’acquisition de 114 Rafale, suivit d’une commande de 36 appareils et par le programme MMRCA II, ou le programme FGFA, qui vit l’Inde se retirer du programme connexe au Su-57en 2018, pour afficher un intérêt nouveau pour l’appareil au salon MAKS2019.
C’est également le cas du programme visant à acquérir 6 avions ravitailleurs pour remplacer les Il-78 de l’IAF dont la disponibilité ne parvient pas à dépasser les 49%. Lancé initialement en 2007, ce programme a déjà été rétorqué et abandonné 2 fois, et se voit donc exhumé une troisième fois par le nouveau ministre de La Défense, Rajnath Singh, qui s’est donné pour mission de simplifier et accélérer les procédures d’acquisition et le mille-feuilles technocratique indien. Une procédure d’expression de besoin (Acceptance of Neccessity) va prochainement être lancée e devra être acceptée par le Defence Acquisition Counsil, avant de pouvoir lancer une consultation auprés des constructeurs étrangers, pour un programme estimé à 2 Md$.
Pour les 3 constructeurs en lice, l’américain Boeing avec le KC46A, le russe Iliouchine avec l’IL-78, et l’européen Airbus DS avec l’A330 MRTT il s’agira donc de la troisième compétition pour le même marché. Mais aujourd’hui, les 3 appareils pourront tous être évalués aux vues de leurs capacités réelles, et non supposées ou promises par le constructeur, avec un net avantage pour l’A330 MRTT en terme de fiabilité et de performances, alors que le KC46A ne parvient pas à résoudre de nombreux problèmes critiques, et que l’Il-78 n’offre pas la versatilité de l’avion européen.
Alors qu’elle dispose d’une flotte de chasse de prés de 600 appareils, l’Inde n’emploie que 15 appareils de ravitaillement, 6 Il-78 et 3 Il-76 lourds, 3 ERJ 145 et 3 Gulfstream IV légers, un flotte qui apparait très limitée au regard des standards occidentaux. Ainsi, la France compte acquérir 18 A330 MRTT pour une flotte inférieure à 250 avions de chasse, et l’US Air Force met en oeuvre 470 avions ravitailleurs lourds KC-135 et KC-10 pour 2400 avions de combat et bombardiers. Certes, l’Inde n’a que très peu d’ambitions de projection de puissance aujourd’hui, domaine qui requiert un nombre important de Ravitailleurs. Mais le maintien d’une posture opérationnelle renforcée simultanée face à la Chine et au Pakistan, notamment dans le domaine de la composante air de la dissuasion, risque rapidement de nécessiter l’augmentation de cette flotte. Dès lors, la compétition qui se profile, porte en elle une potentialité très supérieure aux seuls 6 appareils qu’elle vise à acquérir .