Le Sénat Américain prépare un durcissement sévère des sanctions contre la Turquie

Alors que les opérations militaires turques dans le nord de la Syrie contre les kurdes du YPG s’étendent, et que le président D.Trump semble déterminé à ne pas interférer, le Sénat des Etats-Unis prend, pour sa part, fait et cause contre cette offensive. Ainsi, le sénateur Républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham, et le sénateur Démocrate du Maryland Chris Van Hollen, sont parvenus à un accord bipartisan pour intensifier les sanctions contre la Turquie, ses dirigeants, son armée et son industrie de Défense.

Concrètement, les sénateurs des deux camps vont, au retour d’une retraite de 2 semaines du Congrès, faire voter une série de sanctions visant les leaders turques, y compris le président R.T Erdogan, les industrie de l’énergie et de la Défense Turques, ainsi que toutes les entreprises et personnes qui leur apporteront un soutien financier, technologique ou militaire. Les Etats-Unis vont interdire toute vente d’armement au pays, ainsi que les déplacements de ses dirigeants politiques et industriels sur le territoire américain. Il ne s’agit, ni plus ni moins, que l’application intégrale des mesures prévues par la loi CAATSA, telle qu’appliquée, par exemple, contre la Russie, avec les conséquences que l’on connait sur son industrie de Défense.

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L’hélicoptère de combat T-129 Attack turc est une version sous licence du A-129 Mangusta du constructeur italien Agusta

Cela touche évidemment plusieurs entreprises de Défense européennes qui collaborent ou fournissent des équipements aux forces turques ou à leur industrie de Défense. Outre les fournisseurs actuels d’équipements, comme KWM/Rheinmetall, TKMS, Agusta-Westland, Airbus DS, plusieurs entreprises européennes sont impliquées dans les programmes de développement en cours, comme BAe et Rolls-Royce dans la conception du chasseur TF-X, ou MBDA dans la conception d’un système de défense anti-aérienne à moyenne et longue portée de facture locale. Les clients de l’industrie de Défense turques pourraient également se retrouver viser par des sanctions américaines, comme par exemple le Pakistan qui a commandé des corvettes et des hélicoptères de combat, ou le Qatar, qui a commandé des chars de combat Altay

Coté européen, si les déclarations condamnant l’intervention turque sont nombreuses, aucune mesure de rétorsion n’est pour l’heure annoncée, ni via Bruxelles, ni par une des chancelleries européennes. Trois pays européens membres du conseil de Sécurité des Nations Unis, l’Allemagne, la Belgique et la Pologne, ainsi que les 2 membres permanents la Grande-Bretagne et la France, ont appelé à une réunion de ce conseil pour traiter de l’intervention turque dans le nord de la Syrie, réunion qui se tiendra ce jeudi. Mais, comme cela a déjà été évoqué, les gouvernements européens craignent qu’en prenant des mesures contre la Turquie, cette dernière ne cesse de maintenir les 4 millions de réfugiés, essentiellement de Syrie, sur son territoire, et de déclencher ainsi une nouvelle crise migratoire européenne.

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5 pays européens membres du Conseil de Sécurité ont appelé à une réunion au sujet de l’offensive turque en Syrie

Le grand vainqueur de cette crise pourrait bien être, une nouvelle fois, Vladimir Poutine, qui verrait Ankara devoir se rapprocher encore plus rapidement de Moscou, face à l’embargo occidental sur les armes promis par le Congrès américain. Mais l’on est en droit de se demander si cette fin n’est pas, en réalité, inéluctable, tant la défiance entre les autorités turques et l’occident devient sévère. Peut-on vraiment considérer aujourd’hui la Turquie comme un membre à part entière de l’OTAN, alors même que le pays serait visé par des sanctions comparables à celles qui visent la Russie ?

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