jeudi, mars 28, 2024

La Chine développe un nouveau concept d’hélicoptère qui pourrait atteindre les 650 km/h

A l’occasion de la 5ème exposition consacrée aux hélicoptères, qui s’est tenue le 10 octobre à Taijin, en Chine populaire, le groupe d’Etat AVIC a présenté un nouveau modèle d’hélicoptère ayant l’aspect d’une soucoupe volante, le Super Great White Shark, ou Super Grand Requin Blanc. Au delà de son allure pour le moins surprenante, les performances attendues pour le prototype, dont le premier vol est escompté pour 2020, laisse l’observateur encore plus perplexe : vitesse de pointe de 650 km/h, plafond pratique à 6000 m, taux de monté de presque 3000 pieds par minute, et pour couronner le tout, une visibilité radar réduite. On peut, évidemment, suspecter une communication visant à induire en erreur les occidentaux, mais il est vrais que les dernières annonces chinoises jugées peu crédibles en occident, comme les capacités anti-navires des missiles DF-21D et DF-26, invitent à plus de précaution.

Long de 7,60 m et haut de 2,85 m, le Super Great White Shark est présenté comme un modèle d’hélicoptère armé destiné aux opérations de combat, à l’instar du Z-10 chinois et de l’AH-64 Apache américain. L’équipage de deux hommes est placé au centre de l’appareil, qui est sustenté par deux rotors contrarotatifs de 4,9 m de diamètre, entourant la cabine et carénés, donnant à l’appareil cet aspect de soucoupe volante. La propulsion horizontale serait assurée, elle, par deux turboréacteurs intégrés à la structure. Enfin, l’ensemble est recouvert d’un revêtement absorbant les ondes radars, de sorte à accroitre la furtivité de l’hélicoptère.

SB1 Defiant a rotor contrarotatif Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Hélicoptères de combat
L’hélice propulsive qui équipait le AH-56 Cheyenne en 1967 a refait son apparition sur le nouveau SB1 Defiant de Sikorsky

Le fait est, ce type de conception n’est, en fait, pas nouvelle du tout. A l’instar de la propulsion « nucléaire » utilisée par le nouveau missile de croisière Burevestnik russe, et expérimenté puis abandonné par les Etats-Unis dans les années 60, et notamment par l’Avrocar, un prototype conçu à la fin des années 50 par Avro Canada, qui ne parvint jamais à atteindre les spécifications attendues, et qui fut rapidement abandonné par l’US Air Force. Mais il est vrais qu’avec l’arrivée de nouveaux matériaux, et de nouvelles technologies, des concepts qui s’étaient révélés décevant auparavant, parviennent aujourd’hui à maturité et donnent lieu à des productions de série, en particulier dans le domaine des hélicoptères. Ainsi, le principe des rotors basculants, dont le premier prototype, le Bell XV-3, effectua son premier vol en 1953, ne sera employé avec succès qu’à partir de de 1989, et le premier vol du V-22 Osprey. De même, l’hélice propulsive équipait déjà le Lockheed AH-64 Cheyenne en 1967, mais il faudra attendre 2019 pour voir un tel dispositif équiper un autre appareil américain, le SB1 Defiant de Sikorsky et Boeing.

En outre, les travaux sur les « automobiles volantes », très en vogue ces dernières années dans les salons de l’innovation, ont permis de réaliser d’importants progrès en matière d’hélice carénée et de soufflante, alors que plusieurs modèles de turboréacteurs de petite dimension ont également été développés, là encore avec le marché des voitures volantes et des drones en ligne de mire. Dès lors, ce qui était inaccessible technologiquement il y a encore quelques années, peut aujourd’hui se trouver réalisable.

GreatWhite Shark chine de face Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Hélicoptères de combat
Difficile d’imaginer comme un tel profil pourrait atteindre les 650 km/h comme annoncé par AVIC

Ceci dit, d’autres facteurs peuvent créer le doute quand aux performances annoncées par AVIC. En premier lieu, la forme de l’appareil semble bien peu compatible avec les performances annoncées, et notamment la vitesse, du fait de l’immense trainée qu’elle générera dès lors que la vitesse augmentera. En outre, le controle aérodynamique au delà des basses vitesses risque fort d’être très difficile pour un tel appareil, du fait des turbulences aérodynamiques et des trainées générées par cette imposante masse. Cette trainée, enfin, s’opposera directement au deplacement de l’aéronef, nécessitant une dépense d’énergie supplémentaire pour franchir une distance équivalente, ce qui entamera sensiblement l’autonomie et le rayon d’action de l’appareil.

Eclate Super Great Whaite Shark Actualités Défense | Communication institutionnelle défense | Hélicoptères de combat
Eclaté du Super Great White Shark. remarquez le turboréacteur de propulsion, et le rotor autour de la cabine

Il est plus que probable que les constructeurs aéronautiques chinois, comme leurs homologues occidentaux et russes, soient engagés dans une course pour améliorer les performances et la survivabilité des voilures tournantes, ceci passant, entre autre, par l’augmentation de la vitesse. Comme il est probable qu’un des axes de recherche ait donné naissance au Super Great White Shark, pour en étudier les différents paramètres, opportunités et contraintes. Toutefois, il semble difficile d’imaginer qu’un tel design puisse, un jour, donner lieu à un appareil de combat produit en série. Des solutions plus abouties et moins contraignantes semblent émerger, comme les hélices propulsives, les rotors basculant, et pourquoi pas, un jour, des soufflantes mobiles. En revanche, le Super Great White Shark risque fort de rester un prototype de salon et d’exposition, destiné à capté l’attention des visiteurs, et des médias.

- Publicité -

Pour Aller plus loin

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles