Avec un PIB de 60 Md$, la Bulgarie rencontre, comme de nombreux pays européens, de grandes difficultés pour moderniser sa force aérienne, aujourd’hui équipée d’une quinzaine de Mig29 et de 14 Su-25 hérités du pacte de Varsovie. Malgré les réticences de son président, Roumen Radev, ancien pilote de chasse et major général des forces aériennes bulgares, le parlement a validé une commande de 8 F16V auprés de Lockheed-Martin il y a quelques semaines, une flotte évidemment trop restreinte pour assurer autre chose que la police de ciel, et même dans cette mission, le format reste trop réduite, ce que savait pertinemment le président Radev, et qui justifiait son véto présidentiel.
Pour palier cette faiblesse, il semble que les forces aériennes bulgares se soient rapprochées du constructeur sud-coréen KAI au sujet de son avion d’entraînement et d’attaque supersonique T50 Golden Eagle, construit avec le soutien technique de Lockheed Martin. Ayant effectué son premier vol en 2002, et son entrée en service en 2005, le T50 est proposé en 3 versions : une version d’entrainement T50, une version d’attaque TA50 et une version de combat aérien FA50. Les versions varient essentiellement dans l’emport d’équipements spécialisés, comme un dessinateur laser pour le FA50, ou un radar Doppler à impulsion israélien EL/M-2032 sur la version de combat aérien FA50.
En outre, le Golden Eagle est un appareil performant, atteignant la vitesse de Mach 1,5 et un plafond de 14.500 m, le rendant parfaitement apte à remplir les missions de police du ciel, surtout dans sa version FA équipée d’un radar performant. Il dispose de cockpits modernes multi-écrans, et peut mettre en service, outre son canon de 20mm embarqué, des missiles air-air AIM-9X sidewinder ou AIM-120 AMRAAM, les missile air-sol AGM-65 Maverick, et plusieurs types de bombes guidées ou non, et notamment la JDAM, le WCMD et la GBU12. Propulsé par un unique réacteur F404, réputé pour sa fiabilité, il peut emporter jusqu’à 3700 kg d’armements et de réservoirs additionnels sur ses 7 points d’emport, lui conférant un rayon d’action de combat de 900 km.
Mais c’est surtout par son prix que le Golden Eagle interpelle, avec un tarif Fly Away allant de 21 m$ pour la version d’entrainement, à 30 m$ pour la version de combat aérien. Un prix inférieur de moitié à celui du F16V, qui autoriserait Sofia à dimensionner une flotte de chasse cohérente, complémentaire à sa micro-flotte de F16V, dès lors dédiée pour des missions bien précises, notamment au sein de l’OTAN. Pour alléger le cout de cette flotte sur les finances publiques, ainsi que son entretien, les autorités bulgares envisageraient même de placer une ligne de production de l’appareil sur son sol avec, à la clé, un transfert de technologie.
L’initiative de Sofia pourrait, à ce titre, ouvrir la voie à plusieurs pays européens membres de l’OTAN, et qui partagent les caractéristiques économiques de la Bulgarie, comme les pays Baltes, la Slovénie, la Croatie, ou encore la Hongrie. En construisant une force aérienne composée en partie d’avions de « 1er rang » comme le F16V, le Gripen, le Typhoon ou le Rafale, c’est à dire conçus pour évoluer au sein de forces aériennes coalisées, et en partie d’avions moins évolués, mais également beaucoup moins chers et capables de prendre en charge une grande partie des missions de paix, ces pays pourraient dès lors maintenir un format suffisant pour justifier de l’existence d’une force aérienne de chasse.