En 1995, les forces de l’Armée Populaire de Liberation commencèrent à percevoir un nouveau fusil d’assaut, le QBZ-95, un modèle qui amenait 2 grandes évolutions au niveau des armes légères chinoises. La première était au niveau de la munition de 5,8 mm x 42, un nouveau calibre exclusivement chinois, conçu pour concurrencer le 5,56 x 45 OTAN et le 5,45 x 39 russe. Comme les deux calibres occidentaux et russes, le 5,8 x 42 était conçu pour réduire le recul lors du tir, notamment vis-à-vis du calibre 7,62mm en service jusque là, et donc rendre la visée plus facile, notamment en tir en rafale. Avec un projectile en acier de 4,15 g, et un dégagement énergétique de 1900 joules, la munition chinoise a des performances très similaires à celle de l’OTAN, même si les autorités chinoises assurent qu’elle est plus précise et efficace à moyenne portée, et qu’elle déploie un pouvoir d’arret supérieur.
La seconde innovation du QBZ-95 était sa conception même, qui prenait une architecture dite « Bullpup » ou compacte, le chargeur et la chambre de combustion étant déplacées à l’arrière du fusil et des organes de visée. Comme le Famas français ou le L85 britannique, cette architecture permet de concevoir des armes légères de petite dimension, mais conservant la longueur de canon d’un fusil d’assaut ou d’une carabine, comme le M16 ou la M4.
Mais en Chine aussi, les limitations du Bullpup finirent par ne plus compenser ses avantages. En particulier, le canon est souvent paré désormais d’organes de visé supplémentaires ou d’accessoires variés comme un lance-grenade, une viseur laser, une micro-camera, alors que ces ajouts sont difficiles voir impossible sur un Bullpup. Avec l’arrivée de nouveaux matériaux plus légers et plus résistants, cette architecture semble, désormais, ne plus avoir l’ascendant face à une architecture standard. Et, comme la France qui a décidé de remplacer ses FAMAS par des HK416 allemands, les forces chinoises ont décidé de remplacer leurs QBZ-95 par un nouveau modèle, le QBZ-191, apparut publiquement lors de la parade miliaire pour le 70ème anniversaire de la création de la république populaire de Chine.
De conception classique, le QBZ-191 est livré en 2 modèles, la carabine équipée d’un canon de 267 mm (10,5 pouces), et le fusil d’assaut, avec un canon de 368 mm (14,5 pouces). Un rail d’accessoire parcours la longueur du canon, et une poignée amovible peut être déployée en 4 positions. Le sélecteur de tir au niveau du pouce permet de passer du tir au coup par coup au tir automatique, donné pour atteindre 750 coups minute. Comme sur le QBZ-95, il n’y a pas de mode de tir « 3 par 3 », l’APL ne considérant par cette option comme utile. Le QBZ-191 conserve le calibre 5,8 x 42 de son prédécesseur, et peut d’ailleurs employer les chargeurs de celui-ci. Il est donné pour avoir une portée de 600 m, et une grande précision jusqu’à 300m, grâce à une optique de visée comparable au « point rouge » largement employé par l’OTAN.
Le QBZ-191 semble être destiné à être décliné en plusieurs versions, allant du fusil d’assaut à la mitrailleuse légère, en passant par la carabine et le fusil de précision. Une nouvelle munition, de même calibre mais plus puissance que la 5,8 x 42 serait en cours de fabrication, pour permettre d’atteindre un portée supérieure pour la mitrailleuse et le fusil de précision. Reste que, comme pour le 5,56 x 45 de l’OTAN, on peut s’interroger sur l’efficacité de cette munition face aux protections balistiques qui se généralisent de plus en plus. Dans ce contexte, le choix de l’US Army et du Marines Corps, avec les programmes NGSW R/AR et la munition XM1186 de 6,8mm, semble judicieux, même s’il oblige à de profondes ruptures avec l’existant.