Avec la rencontre entre le premier Ministre indien, Narendra Modi, et le président français, Emmanuel Macron, devant se tenir à l’occasion de la fête nationale indienne le 26 janvier à N’en Delhi, les attitudes se crispent concernant une possible nouvelle commande indienne de Rafale. Cette fois, ce n’est pas un des adversaires commerciaux du consortium Rafale dans le contrat MMRCA 2 ou l’acquisition de 57 chasseurs embarqués qui est mis en cause, mais le groupe russe Suckoi, qui reste aujourd’hui le principal fournisseur de technologie de défense en Inde, avec un parc installé de 272 Su-30 MKI, position que le groupe russe entend bien ne pas céder au français.
Tout à commencé, semble-t-il, par un article dans le journal The Economic Times, comparant les deux appareils, et concluant que le Rafale, plus moderne et plus polyvalent que le Su-30MKI, avait toute les qualités pour devenir la colonne vertébrale de l’Indian Air Force. Pour y répondre, le site russe Zvezda à lui aussi publié sa propre comparaison, toute aussi subjective que la première, concluant de son coté que le Su30MKI était en bien des points superieur au Rafale, et sensiblement moins cher.
Dans les faits, cette comparaison est quelques peu stérile. Le Su30MKI est un avion dérivé du Su27 conçu dans les années 70, et même si l’appareil a de nombreuses qualités incontestables, il n’est plus en mesure d’évoluer comme peut le faire un Rafale qui, lui, n’a pas même atteint sa modernisation à mi-vie. Le standard F3R du Rafale, avec son radar AESA, son système Spectra, ses missiles MICA, Meteor ou Scalp, et sa capacité à mener des pénétration à très basse altitude et haute vitesse sur de grandes distances, ont font incontestablement un appareil exceptionnel. Quand à son prix, il faudra atteindre une éventuelle nouvelle commande indienne, et une éventuelle industrialisation en Inde, pour pouvoir comparer de manière factuelle.
N’oublions pas, en outre, que le moteur M88 du Rafale a une durée de vie 3 fois supérieure à celle de l’AL31 équipant le Su30, qui devra changer ses 2 moteurs au moins deux fois durant sa vie opérationnelle. Rappelons également que lors de l’engagement entre les forces aériennes indiennes et pakistanaises l’hivers dernier, il semble que les mirage 2000 de l’IAF avaient obtenu des solutions de tir avec leurs missiles MICA alors que les Su30MKI équipés de missiles R77, pourtant sensé avoir une portée deux fois supérieure à celle du MICA, n’y étaient pas parvenus, faisant dire au premier Ministre Modi à l’issu de l’engagement que « Si l’IAF avait eu des Rafales, cet engagement se serait soldé bien différemment »….
Reste que cet affrontement par presse interposée est un nouveau signe confirmant une possible nouvelle commande de l’appareil français par l’Indian Air Force lors de la prochaine rencontre entre les deux chefs d’Etat. On peut y voir, également, une certaine opposition entre le consortium français et son partenaire indien, Anil Ambani, et le groupe d’état HAI, qui assemble les avions Sukhoi en Inde. Il intervient peu de temps après que la procédure juridique contre le contrat Rafale, menée par l’opposition indienne, et déboutée il y a quelques semaines par la cours suprême indienne.