Le missile anti-aérien CAMM-ER vient de réussir avec succès une année 2019 consacrée à un ensemble d’essais dont des tirs. La décision de la commission de défense de la Chambre des députés du Parlement italien d’approuver le décret portant l’achèvement du développement de ce missile avec une ligne budgétaire de 95 millions d’euros le 14 novembre 2019, laisse entrevoir son admission au service actif en 2024. La Marina militare se révèle intéressée pour ajouter cette munition aux ASTER 15 et 30 pour équiper les Pattugliatori Polivalenti d’Altura (PPA) Light et les corvettes du programme PP(X).
Le CAMM-ER appartient au programme de système anti-aérien Enhanced Modular Air Defence Solutions (EMADS) du missilier européen MBDA dont les capacités l’inscrivent sur un segment opérationnel subséquent au PAAMS (Principal Anti Air Missile System) franco-britannico-italien. L’EMADS s’appuie sur le missiles CAMM (Common Anti-Air Modular Missile) développé par MBDA-UK. La portée de ce missile anti-aérien atteint un peu plus de 25 km. Une version navalisée du système – le Sea Ceptor – équipe les frégates Type 23 après refonte (LIFEX) et équipera les frégates Type 31 qui réemploieront les systèmes débarqués des Type 23.
Le missile anti-aérien CAMM-ER (Common Anti-Air Modular Missile – Extended Range) est porté par MBDA-IT (Italie) et sera la deuxième munition proposée pour les systèmes EMADS. Sa portée atteindra plus de 40 km, les 50 km sont mêmes parfois avancés.
Le besoin italien en développant ce missile est de pourvoir au remplacement des missiles Aspide 2000. Ils équipent des batteries sol-air Spada 2000 et Skyguard de l’Aeronautica Militare. Le retrait du service de ces systèmes est prévu pour le début des années 2020. La Marina militare employait une autre version de ce même missile Aspide 2000 au sein du système Albatros Mk2 sur certains de ses bâtiments parmi les plus légers.
Après avoir été bloqué pendant toute l’année 2018, le décret portant l’achèvement du programme CAMM-ER a été transmis à la Chambre des députés du Parlement italien par le gouvernement italien en septembre 2019. Le décret fut approuvé le 14 novembre 2019. Le contrat devrait prochainement pouvoir être signé grâce à la ligne budgétaire de 95 millions d’euros qui permettra d’achever le développement, l’intégration et l’homologation du CAMM-ER devrait être achevé en 2021. 450 millions d’euros sont prévus en outre pour l’acquisition des munitions dont les livraisons seront échelonnées jusqu’en 2032. Le programme entier est ainsi valorisé à 545 millions d’euros.
La Marina militare envisage de rejoindre le programme afin de pouvoir utiliser le CAMM-ER (appelé Albatros NG par MBDA quand il s’agit de remplacer les Albatros Mk 2) sur ses unités de seconde ligne, à savoir les Pattugliatori Polivalenti d’Altura (PPA) en version Light, soit deux unités prévues. L’autre programme pour lequel l’acquisition de ce missile est pensé est le PP(X). L’incarnation actuelle de ces futures corvettes de la marine italienne est le projet European Patrol Corvette franco-italien porté par Naviris et récemment doublé d’une coopération structurée permanente. Quatre à six corvettes sont espérées pour la Marina militare. Le CAMM-ER est évoqué pour ce projet depuis 2019.
C’est moins le choix du missile pour ces bâtiments que le choix du lanceur pour leur système de lancement vertical qui semble faire débat au sein de l’état-major de la Marina militare. Les SYLVER de Naval group sont évoqués et c’est inévitable dans le cas des PPA Light, porteurs chacun de deux SYLVER A50 (2 x 8). L’ExLS (Extensible Launching system) de Lockheed Martin est également considéré : il s’agit d’un lanceur autonome ensilotant trois CAMM-ER. Mais ce lanceur peut aussi être un boitier s’intégrant aux lanceurs octuples Mk 41 ou Mk 57. La troisième solution serait un lanceur qui serait actuellement à l’étude : serait-ce le lanceur dédié développé par MBDA ?
En revanche, il ne serait pas (encore ?) question pour la Marina militare d’acquérir des CAMM-ER avec une solution technique permettant d’ensiloter ces missiles par trois ou quatre exemplaires dans un unique silo d’un lanceur comme le SYLVER A50, par exemple.