La United States Navy (USN ou US Navy) baptisais le CVN-79 USS John F. Kennedy le 7 décembre 2019 en la présence de sa marraine, Caroline Kennedy, la fille du président assassiné qui avait d’ores et déjà été la marraine du CV-67 USS John F. Kennedy (1968 – 2007), seul représentant de cette variante de la classe Kitty Hawk. Le CVN-79 est le deuxième porte-avions de la classe Gerald R. Ford qui devrait en compter au moins cinq. C’est aussi le dernier à avoir été commandé dans le cadre d’une commande unique. L’US Navy travaille à ce que lors de son entrée en service, prévu pour 2022, toutes les difficultés techniques rencontrées à bord du CVN-78 USS Gerald R. Ford aient été résolues.
Les dépenses afférentes à la construction du CVN-79 USS John F. Kennedy débutaient par le budget de l’année fiscale (Fiscal Year) 2008 et les paiements aux industriels s’étalaient jusqu’à l’année fiscale 2018. Cette période se compose entre l’abonnement des placements avancés (Advanced Placement (AP) entre les années fiscales 2007 et 2012 et le financement intégral du bâtiment entre les budgets 2012 et 2018. Le coût unitaire de production de ce porte-avions est actuellement estimé à 10 218,79 millions d’euros. C’est 1584,7 millions d’euros de moins que les 11 803,47 nécessaires à la construction du CVN-78 USS Gerald R. Ford, somme ne comprenant toutefois pas les frais d’études et de développement de 4240 millions d’euros. Mais c’est tout de même une augmentation de 23,2% par rapport à l’estimation financière de l’US Navy au titre du budget 2008, soit 9456,79 millions d’euros (constants).
Les études détaillées et les premiers approvisionnements dans l’optique de la mise en chantier débutaient le 15 janvier 2009 au chantier Newport News d’Huntington Ingalls Industries. La cérémonie de découpe de la première tôle se déroulait le 25 février 2011. La quille était posée le 22 août 2015. La construction du bâtiment progressait à bon rythme et le taux d’achèvement structurel franchissait le seuil symbolique des 50% en juin 2017. La pose de l’îlot de 588 tonnes du porte-avions était effectué le 30 mai 2019 signifiait la fin de l’assemblage du porte-avions et la poursuite des travaux d’intégration et d’achèvement en son sein. L’équipage d’armement était constitué le 1er octobre 2019. La mise à l’eau débutait le 29 octobre 2019 par le remplissage de la cale de construction.
Outre les derniers travaux d’achèvement qui se poursuivent à quai, les essais constructeurs menés avec l’équipage d’armement vont pouvoir débuter. L’objectif est d’amener le porte-avions USS John F. Kennedy vers son admission au service actif qui demeure prévue en 2022. Il remplacera alors le CVN-68 USS Nimitz et le symbole sera très fort car ce porte-avions fondait le type Nimitz, lui-même fondé en trois sous-classes (Nimitz (3), Theodore Roosevelt (5) et Ronald Reagan (2), soit 10 porte-avions, la plus longue série après les Essex (24).
L’admission au service actif a été décalée une première fois de 2018 à 2020 en raison de la remise en cause de la structure à 11 porte-avions de l’US Navy par le secrétaire à la Défense Robert Gates en 2009, le rythme de construction des porte-avions fut porté à cinq années. Les retards constatés pendant la construction même de USS John F. Kennedy obligeait à décaler une nouvelle fois son entrée en service de 2020 à 2022.
Le CVN-79 USS John F. Kennedy ne paraît pas présent de différences majeures, voire mineures vis-à-vis du CVN-78 USS Gerald R. Ford. Par contre, la tête-de-série du programme CVN-21, l’USS Gerald R. Ford était admis au service actif le 22 juillet 2017 mais n’est toujours pas pleinement opérationnel. Le principal problème touche aux ascenseurs à munitions, au nombre de onze, qui ne respectent toujours pas les spécifications du programme. D’autres problèmes techniques affectent ses capacités opérationnelles et ne sont toujours pas résolus. Les CVN-79, -80 et -81 sont donc soumis aux aléas du CVN-78, en ce sens qu’ils pourraient recevoir des travaux rectificatifs afin de corriger les défaillances constatées et donc potentiellement retarder l’admission au service actif du CVN-79 et les chantiers des -80 et -81.
Ces difficultés retardent par ailleurs d’achever entièrement le programme CVN-21 car les CVN-78 et suivants sont dimensionnés, notamment du point de vue de leur propulsion électrique intégrée reposant sur deux réacteurs nucléaires A1B (2 x 700 MW thermiques contre 2 x 300 MW thermiques pour les K15 du porte-avions Charles de Gaulle) dont l’un est entièrement dédiée à la propulsion tandis que l’autre abreuve les réseaux bords en électricité, pour intégrer l’ « armure dynamique ou électrique » et des systèmes à énergie dirigée (laser) pour la défense à courte portée.
La 355 navy ships postule d’augmenter la structure aéronavale de 11 à 12 porte-avions. L’effort peut paraître mince mais il appelle à des décisions structurelles énergiques pour construire plus de porte-avions que ceux compensant les désarmements des Nimitz. Le budget 2020 voit l’US Navy ne pas demander d’accélération de la commande de la cinquième unité, le CVN-82. Au rythme actuel, la structure à 12 porte-avions serait effective au cours des années 2060. Et paradoxalement, la commande simultanée des CVN-80 et CVN-81 a accéléré les deux chantiers de 7 mois, créant un décalage avec le chantier du CVN-82 pouvant laisser craindre à des pertes de compétences.