La Marine Royale Canadienne admit au service entre 2000 et 20004 les quatre sous-marins de la classe Victoria dont la disponibilité opérationnelle allait défrayer la chronique. Celle-ci devint à peine satisfaisante à partir de l’année 2017, alors que les quatre bateaux devront être injectés au début des années 2020 dans un cycle de profonde modernisation : le programme Victoria-class Modernization (VCM) qui permettra de les conserver au service jusqu’au milieu des années 2030, voire le début des années 2040. Le remplacement de ces navires pourrait être entamé sous peu.
Les sous-marins canadiens de la classe Victoria sont issus de l’ancienne classe Upholder ou Type 2400 acquis auprès du Royaume-Uni en 1998. Ils mesurent 70,3 mètres de long pour un diamètre de coque de 7,6 mètres et un tirant d’eau de 5,4 mètres. Le déplacement en surface est de 2256 tonnes pour 2514 tonnes en plongée. Ils peuvent marcher à 12 nœuds en surface et 20 en plongée. Leur armement s’appuie sur six tubes lance-torpilles et chaque navire emporte jusqu’à 18 torpilles. La cadence de tir est d’une torpille toutes les 30 secondes pour chacun des tube. Ils sont armés par un équipage de 48 sous-mariniers. L’autonomie en opérations est de 56 jours. Les bateaux peuvent parcourir 8000 miles nautiques à 8 nœuds et plonger jusqu’à 200 mètres.
Ils bénéficièrent de travaux d’entretien et de traitement des obsolescences (Canadianization Work Period (CWP) menées au Royaume-Uni au sein de la base navale britannique de Faslane afin de les adapter aux besoins de la marine canadienne et de les retourner au service actif. Ils retournèrent au service en étant baptisés HMCS Victoria (2000), HMCS Corner Brook (2003), HMCS Windsor (2003) et HMCS Chicoutimi (2004 puis 2015).
Les systèmes de navigation reposent sur le GPS et deux radars de navigation : un Kelvin Hughes Type 1007 et un portable Foruno opérant tous les deux en bande I. Les centrales de navigation inertielle sont fournies par Northrop Grumman Sperry Marine qui remporta le contrat en 2005 en proposant la centrale inertielle gyrolaser Mk 49.
Les aériens portés par le massif sont composés du périscope de veille électro-optique CK 35 (Thales) comprenant un système optique binoculaire avec un système de télémétrie optique ; du périscope optronique d’attaque CH85 (Thales) doté d’un système optique monoculaire et un système infrarouge. Un mât porte les systèmes canadiens de communication, ainsi que le systèmes ESM AR-900 (Harris) et deux lanceurs de contre-mesures SSE.
La suite sonar est composée d’un sonar d’étrave passif de moyenne fréquence Type 2040 (Thales) servant à la recherche et aux interceptions, de sonars latéraux passifs à basse fréquence Type 2007 (Thales) ainsi que d’une antenne linéaire remorquée Type 2046 (Thales) passive à basse fréquence longue de 50 mètres et de la même famille que celles installées à bord des sous-marins nucléaires d’attaque de Type T de la Royal Navy. S’ajoute enfin le sonar tracté SQR-501 CANTASS (Canadian Towed Array Sonar).
La capacité à tirer des missiles anti-navires UGM-84 Sub-Harpoon et à mouiller des mines fut débarquée des quatre sous-marins. Lockheed Martin fut retenue afin d’intégrer Librascope Submarine fire-control system (SFCS) qui fut complété par certains composants de la conduite de tir des sous-marins de la classe Oberon que les 4 Victoria devaient remplacer au sein de la Royal Canadian Navy. Chaque sous-marin était apte à lancer des torpilles filoguidées Mk 48 Mod 4. Il fut décidé en 2014 de les remplacer par des Mk 48 Mod 7 AT.
La propulsion des quatre sous-marins repose sur deux moteurs diesel-électriques Paxman Valenta 16SZ (2 x 2,7 MW) et d’un moteur électrique Alsthom de 4 MW entraînant un unique arbre-hélice.
La Durée de vie prévue des quatre sous-marins de la classe Victoria était de 25 années au sein de la marine canadienne. Ils bénéficiaient en outre de deux contrats de maintenace dénommés « Victoria Class Submarine In-Service Support Contract » conclus avec Babcock Canada. Le premier contrat était signé en 2008 pour la somme 312,4 millions d’euros et couvrait le soutien des bateaux pendant 15 années, jusqu’en 2023. Le Victoria In-Service Support Contract II signé en mai 2018 avec le gouvernement canadien pour la somme de 240,5 millions d’euros prenait le relais du précédent contrat en repoussant son échéance de 2023 jusqu’au milieu des années 2030. Ce sont ces deux contrats qui encadrent et programment les arrêts techniques majeurs ou Extended Docking Work Period (EDWP).
Le programme Victoria-class Modernization (VCM) – aussi baptisé SELEX (Submarine Life Extension) – est complémentaire au contrat Victoria In-Service Support Contract II. L’ambition est d’obtenir 10 années de potentiel opérationnel supplémentaire pour maintenir au service les Victoria. Le premier ministre Justin Trudeau évoqua même une prolongation jusqu’au début des années 2040. Sans cela, le premier bateau aurait eu à quitter le service en 2022 tandis que la quatrième en aurait été retiré en 2027. Le Victoria-class Modernization a été préférée en 2017 à un programme de remplacement des sous-marins de la classe Victoria, notamment car il fut jugé beaucoup moins onéreux.
L’enveloppe budgétaire prévue pour cette modernisation est comprise entre 1 et 2 milliards d’euros selon la liste des travaux à effectuer qui sera arrêtée en 2021. Les premières opérations portant la prolongation de la durée de vie des Victoria débuteront en 2022, le premier sous-marin sortant du cycle VCM en 2025 ou 2026. Le programme SELEX pourrait conduire à moderniser, voire remplacer toute ou partie de la propulsion (moteurs diesel-électriques, moteur électrique), les systèmes d’alimentation, la suite sonar, les aériens, les systèmes de communication et le système de combat.