Dans le sillage des baisses de crédits de défense liées à la fin de la guerre froide, de nombreuses forces armées cédèrent aux sirènes de l’externalisation de la maintenance des équipements majeurs à des prestataires privés. Si certains contrats ont été dès le début cadrés sous la forme d’engagement capacitaire, comme dans le cas par exemple de la maintenance de la flotte de l’EALAT de Dax, la majorité d’entre eux, portant sur des équipements potentiellement projetables, se limitèrent à des engagements de moyen. Or, cette approche ouvre la porte à d’importantes dérives en terme de couts comme de délais, avec à la clé, la baisse significative de la disponibilité opérationnelle des équipements, ainsi que de la capacité des armées à mettre en oeuvre ces équipements en environnement dégradé ou distant. C’est précisément à ce problème qu’est aujourd’hui confrontée l’US Navy concernant ses Littoral Combat Ship.
En effet, selon les conclusions d’un rapport mené par le Gouvernment Accountability Office, ou GAO, déjà connu de la communauté défense pour ses prises de position souvent sévères concernant le programme F35, le programme de maintenance externalisé des LCS de l’US Navy cumule les dérives, et s’avère être non seulement plus cher et moins efficace que ne le sont les programmes de maintenance interne des autres unités de la Marine américaine, mais il engage également la capacité même à employer ces navires conformément à leur contrat opérationnel, pourtant déjà on ne peut plus limité. Il faut dire que l’externalisation a pris, dans ce domaine, des dimensions extravagantes, les équipages et les équipes techniques de l’US Navy n’étant pas même capables d’intervenir en urgence en cas d’avarie, en raison de l’absence de procédures détaillées et de la difficulté à se procurer des pièces détachées, obligeant parfois à recourir à la cannibalisation des navires eux mêmes, une technique généralement employée par les armées de second rang, ou pour des materiels très anciens n’ayant plus de soutien industriel, ce que ne sont ni l’US Navy, ni le programme LCS.
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