dimanche, décembre 8, 2024

La Chine va-t-elle prendre l’ascendant technologique militaire sur les Etats-Unis ?

Lorsque le 4 octobre 1957, une fusée R-7 Semiorka lancée du site de Baïkonour au Kazakstan mit en orbite le premier satellite artificiel Sputnik 1, la confiance des Etats-Unis dans leur supériorité technologique considérée jusqu’alors comme incontestable, fut largement ébranlée. Cet épisode constitua, avec la Guerre de Corée, la Crise des missiles de Cuba et celle des Euromissiles, un des points culminants de la Guerre Froide, et engendra une forte réaction américaine. Et pour le Général Mark Milley, le Chef d’Etat-Major des Armées américaines, l’essai d’un système de bombardement orbital fractionné hypersonique effectué par Pékin il y a quelques jours, pourrait bien constituer un événement d’une portée similaire au Sputnik 1 dans la compétition que se livrent désormais la Chine communiste et les Etats-Unis.

En dépit des dénégations venues de Chine concernant cet essai, présenté par Pékin comme celui d’un système de lanceur spatial réutilisable, le Pentagone semble désormais persuadé qu’il s’agissait bel et bien d’un système de bombardement orbital fractionné hypersonique, c’est à dire capable de mettre en orbite un véhicule pouvant libérer un planeur hypersonique de bombardement depuis cette position. Cette technologie, un temps expérimentée par l’Union Soviétique dans les années 80 pour faire face à la prétendue Initiative de Défense Stratégique américaine annoncée par Ronald Reagan, permet entre autre chose de réduire les capacités de détection et d’interception des systèmes d’alerte et de défense anti-missiles balistiques mis en oeuvre notamment sur l’ensemble de la façade nord des Etats-unis et du Canada pour intercepter les éventuels missiles et bombardiers venus de Russie. Avec un tel dispositif, Pékin pourrait très bien décider de frapper les Etats-Unis par le sud, là ou aucune defense anti-missile n’est déployée, dans ce qui ressemble chaque jour davantage à une surprise stratégique au profit de Pékin.

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La Défense Stratégique des Etats-Unis (et du Canada) repose avant tout sur le réseau de détection du NORAD, et couvre tout le nord de l’Amérique du Nord pour faire face aux missiles et bombardiers russes qui suivraient une trajectoire arctique. En revanche, rien ne surveille d’éventuelles missiles passant par le pole sud.

« Ce que nous avons observé », indique le général Milley dans une interview sur Bloomberg,  » était sans le moindre doute le test d’un système hypersonique, et c’est très inquiétant ». « Je ne sais pas si c’est, comme je l’ai lu dans la presse, un événement Sputnik, mais c’en est très proche. C’est donc une démonstration technologique de grande importance pour la Chine, et cela requiert toute notre attention », ajouta-t-il. De toute évidence, le Pentagone n’anticipait pas que Pékin puisse avoir développé une telle technologie, et son apparition est susceptible de rebattre sensiblement les cartes stratégiques sur la planète. On constate d’ailleurs que depuis, Washington a fortement accru le tempo de ses actions en faveur de Taïwan, en officialisation la présence d’instructeurs miltaires américains sur l’ile, ainsi qu’en engageant une action diplomatique de grande envergure visant à fédérer un grand nombre de pays autours de la réintégration de Taïwan dans les instances des Nations Unis, sans pour autant aller jusqu’à promouvoir une nouveau siège pour Taïpei à l’Assemblée des Nations Unis, ce qui constituerait un probable casus belli pour Pékin.

De toute évidence, Washington veut rapidement créer un statu quo inamovible sur l’ile indépendante depuis 1947, avant que Pékin puisse mettre en oeuvre de nouvelles capacités susceptibles de dissuader les Etats-Unis de venir en aide à son allié en cas d’agression, dans un scénario comparable à celui appliqué par la Russie lors de l’annexion de la Crimée, puisque les forces nucléaires russes furent placées en pré-alerte durant cette opération. En outre, le soutien d’une forte communauté internationale et la présence de troupes américaines sur place pourraient dissuader Pékin de mettre en oeuvre des actions hybrides pour s’emparer de l’ile, comme le craint le ministre de La Défense japonais, Taro Kono.

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La puissance navale américaine est désormais menacée par les forces aériennes chinoises et leurs bombardiers à long rayon d’action, ainsi que par certains modèles de missiles balistiques anti-navires sensés être en mesure de viser un grand navire comme un porte-avions ou un navire d’assaut.

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