Plusieurs fois annoncée comme proche, il semblerait qu’une première commande d’avions de combat Rafale soit en de bonne voie avant la fin de l’année en Indonésie. C’est en tout cas ce qui remonte des investigations menées par le journaliste spécialisés Défense Michel Cabirol du site économique La Tribune, et qui pourrait même avoir lieu avant la fin de l’année 2021. Il ne s’agirait pas, cette fois, d’une commande majeure pour une quarantaine d’appareil comme évoqué précédemment, Jakarta n’ayant tout simplement pas les ressources pour financer un tel programme. En revanche, il resterait sur le budget 2021 des ressources de l’ordre de 600 m$ dans les caisses du Ministère de La Défense indonésien, qui semble enclin à déclencher une première commande pour 6 avions français, voire pour 12 en anticipant un budget équivalent pour l’année 2022.
De prime abord, cette commande potentielle peut apparaitre faible, et même négligeable en comparaison des 24 Rafale grecs, des 30 appareils égyptiens et surtout des 80 avions de combat français commandés par les Emirats Arabes Unis, en plus des 12 Rafale d’occasion acquis par la Croatie cette année. Pour autant, elle est loin d’être regardée avec dédain par Dassault Aviation et l’ensemble de la team Rafale, et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, il est très peu probable que Jakarta se contente, à terme, d’une flotte aussi restreinte, et une commande de seulement 6 ou 12 appareils représenterait donc un pari important sur l’avenir pour l’industrie française, d’autant que les tensions, dans cette partie du monde, vont de toute évidence aller croissantes, et que les forces aériennes indonésiennes vont avoir rapidement besoin de croitre en capacité comme en volume dans les années à venir, notamment face à Pékin.
En second lieu, l’Indonésie constituerait une nouvelle référence de premier plan pour l’industrie française aéronautique militaire, alors que, contrairement aux autres clients exports du Rafale exception faite de la Croatie, tous étaient déjà client de cette industrie, et avaient acheté précédemment des Mirage 2000. Dans ces conditions, mettre un pied, fut-il de taille prébubaire, dans la flotte aérienne indonésienne, constitue un objectif stratégique à terme pour l’industrie française, et Dassault aviation en particulier, d’autant que d’ici une dizaine d’années, selon les projections, le PIB de Jakarta sera parmi les 10 plus importants de la planète, et qu’il devrait largement dépasser celui de la France à horizon 2050. En d’autres termes, comme ils le firent avec les forces aériennes du Qatar et des EAU dans les années 80, Dassault parie sur la fidélité de ses clients aéronautique ainsi que sur leur potentiel de croissance dans les années à venir. Et force est de constater que, dans ce domaine, l’avionneur français à particulièrement bien placé ses pions, avec l’Inde qui sera la troisième puissance économique mondiale à partir de 2030, ou l’Égypte dont le PIB viendra talonner celui de la France en 2050.
La vente de Rafale à l’Indonésie viendrait donc parfaitement compléter ce tableau, et préparer dans le même temps le marché export pour le futur SCAF, ou tout autre appareil qui viendra prendre la relève du fleuron de l’aéronautique nationale d’ici 2040. Reste que, si les décisions peuvent être prises à très court terme par Jakarta comme l’a montré la commande surprise des 6 frégates FREMM auprés de l’Italie cette année, le pays est également coutumié des pas de coté et des faux départs. Il faut donc faire preuve de patience et de discernement dans ce dossier, d’autant que par deux fois déjà, la signature d’un contrat à ce sujet avait été présentée comme imminente par ces même sources, et que d’autres avant la France, dont la Russie et la Corée du Sud, ont également subi cette douche écossaise aromatisées aux huiles (de palme) indonésiennes.
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