jeudi, mars 28, 2024

L’hypothèse du F-35 en Espagne croit sur les tensions autours du programme SCAF

A l’occasion de l’International Fighter Conference de Londres 2021, une confidence d’un directeur exécutif de Lockheed-Martin au magazine spécialisé Défense Janes provoqua un certain émois au sein du programme SCAF rassemblant l’Allemagne, l’Espagne et la France pour la conception du remplaçant des avions de combat Rafale et Typhoon, ainsi que de ses systèmes attenants, à horizon 2040. Selon le magazine de référence, Madrid avait en effet entrepris de négocier de manière discrète avec le constructeur américain l’acquisition de 50 F-35, 25 en version B à décollage et atterrissage vertical ou court pour remplacer les AV-8B Harrier II armant le porte-aéronefs Juan Carlos, et 25 en version A basée à terre pour remplacer pour partie les F/A-18 Hornet en service au sein des forces aériennes espagnoles. A ce moment, Paris et Berlin étaient encore vent debout contre l’acquisition de F-35, l’appareil étant alors perçu comme une menace directe contre l’industrie aéronautique européenne. De fait, quelques jours plus tard, le ministère de La Défense espagnol publia un vigoureux démenti, jurant ses grands dieux qu’aucune négociation de ce type n’était en cours.

Depuis, un volume d’eau considérable a coulé sous les ponts. D’une part, Berlin s’est officiellement tourné vers le F-35A pour remplacer ses avions Tornado assurant la mission de partage nucléaire au sein de l’OTAN, en commandant 35 F-35A capables d’emporter la nouvelle bombe nucléaire B-61Mod12 américaine. Dans le même temps, le programme SCAF entra dans une zone de grandes turbulences, sur fond d’opposition féroce entre Dassault Aviation et Airbus DS quant au pilotage du 1er pilier du programme, celui qui doit précisément concevoir l’avion de combat de nouvelle génération, ou NGF selon l’acronyme anglophone retenu par le programme. En conséquence, le SCAF est aujourd’hui à l’arrêt, et le calendrier initial qui visait une entrée en service avant 2040 est très largement compromis, de l’aveu même du CEO de Dassault Aviation Eric Trappier, ce sans parler des menaces de plus en plus sensibles qui pèsent sur la poursuite du programme lui-même. Enfin, plusieurs autres forces aériennes européennes se sont, dans l’intervalle, prononcées en faveur de l’avion américain, dont la Finlande, la Grèce et la République tchèque, faisant de l’appareil un standard de fait au sein de l’OTAN.

Spanish air force F18 Hornet Analyses Défense | Aviation de chasse | Construction aéronautique militaire
Les F/-18 Hornet espagnols ne pourront être maintenu en service jusqu’à l’arrivée potentielle des premiers appareils du programme SCAF

Dans ces conditions, il n’est guère surprenant que l’Etat-major des forces aériennes espagnoles se soit prononcé, selon le quotidien El Pais, en faveur du F-35A pour remplacer le F/A-18 en son sein, et ce même si il y a quelques mois, Madrid avait commandé 20 Eurofighter Typhoon pour remplacer les Hornet qui assurent aujourd’hui la protection aérienne des iles Canaries. Selon les militaires espagnols, les F-18 en service devront être remplacés avant que les premiers SCAF soient livrés, les obligeants à se tourner vers une solution alternative effectivement disponible. Dans ce domaine, toujours selon l’Etat-major espagnol, le F-35 est sans nul autre comparaison le meilleur appareil, très supérieur à l’Eurofighter Typhoon dans de nombreux domaines, sans parler des bénéfices de la standardisation vis-à-vis des autres forces aériennes européennes. L’acquisition de F-35A permettrait également d’améliorer la soutenabilité de la maintenance des F-35B qui seront acquis pour remplacer les Harrier embarqués, aucune autre alternative n’étant disponible pour ce besoin précis. Enfin, dernier argument avancé, il est beaucoup plus prudent et efficace de disposer d’une flotte de chasse qui ne s’appuierait pas sur un unique appareil.


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