Il y a tout juste une année, les autorités de Taipei annonçaient une hausse du budget de défense de l’ile autonome depuis 1949, pour porter à 16,8 Md$, 418 Md$ Taiwan, le budget 2022, soit une hausse de 5,2% vis-à-vis de 2021, afin de répondre à la montée de la menace que faisait peser le renforcement rapide des forces armées de la République Populaire de Chine. Ce faisant, Taiwan entendait dépasser le seuil actuel de son effort de défense fixé à 2% de son PIB, pour le faire croitre progressivement vers 3%. La guerre en Ukraine, mais également la hausse sensible des tensions avec Pékin ces derniers mois, et les démonstrations de force de l’APL suite à la visite de la President de la Chambre des Représentants US sur l’ile il y a quelques semaines, ont semble-t-il convaincu les autorités taïwanaises d’accélérer le rythme de cette croissance, puisqu’elles ont annoncé, aujourd’hui, qu’elles entendaient faire croitre cet effort de défense à 586,3 Md$ Taiwan, soit 19,4 Md€ US, une hausse de 108,Md$ T et de 13,9% en valeur relative.
Pour Taiwan, il s’agit avant tout d’accroitre la modernisation et le renforcement de ses capacités défensives. Ainsi, ce nouveau budget servira en partie à financer l’acquisition de nouveaux avions de combat chargés de tenir en respect les chasseurs, bombardiers et drones chinois de plus en plus nombreux à être déployés face et autour de l’ile, y compris par delà la ligne de séparation dans la passe de Taiwan jusqu’ici considérée comme ligne de démarcation entre les deux pays. De manière interessante, cette hausse est toutefois inférieure à la hausse global du budget de l’Etat, qui atteindra plus de 20% en 2023. En effet, le budget de La Défense taiwanais ne représente que le 4ème poste budgétaire de l’Etat pour 14,6% de celui-ci, se plaçant après les budgets consacrés aux prestations sociales, à l’éducation et au soutien à l’économie.
Il faut dire que Taiwan dispose, contrairement aux démocraties européennes, d’un contexte economique et budgétaire favorable, avec une croissance annuelle de plus de 4%, et un endettement inférieur à 25% de son PIB. En outre, le pays peut s’appuyer sur plusieurs points forts économiques valorisables à l’échelle mondiale, en particulier dans le domaine de la production de semi-conducteurs. Ainsi, le géant taiwanais TSMC controle aujourd’hui à lui seul presque 25% des semi-conducteurs dans le monde, 49% du marché mondial de production, et même 92% des puces d’ordinateurs, loin devant son premier compétiteur, Samsung, qui n’atteint que 12% de parts de marché. A elle seule, l’entreprise contribue à hauteur de 6% du PIB de l’ile, et sa valorisation boursière de 540 Md$ représente presque 65% de ce même PIB. Lé dépendance occidentale aux semi-conducteurs de TSMC constitue aussi bien un motif supplémentaire pour Pékin de réintégrer l’ile à la République Populaire de Chine, que la meilleure garantie de Taipei concernant l’implication occidentale dans sa défense. En effet, perdre cette capacité industrielle pourrait représenter, pour l’occident, une catastrophe economique bien supérieure à celle que pouvait constituer l’annexion du Koweit par l’Irak de Saddam Hussein sur le marché des hydrocarbures, et qui mobilisa pourtant la plus grande coalition militaire de l’histoire moderne.
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