LPM 2023 : Drone furtif ou Rafale de guerre électronique, il faudra l’un des deux

Pour s’engager au dessus d’un théâtre d’opération fortement contesté, les forces aériennes françaises disposent d’un appareil très performant, le Rafale de Dassault Aviation. Par sa capacité à évoluer à grande vitesse à très basse altitude, l’avion français peut en effet mettre à profit le masquage du terrain pour éviter la détection radar, tout du moins pour ce qui concerne les radars terrestres. En outre, l’avion dispose d’une signature radar réduite, sans être qualifié de furtif, même si cette caractéristique tend à s’étioler lorsque le Rafale emporte plusieurs bidons de carburant et des missiles ou bombes sur pylônes. L’appareil dispose également d’un système d’auto protection très évolué, le SPECTRA, capable de contenir la menace venant de missiles aussi bien à guidage radar qu’infrarouge. Enfin, il met en oeuvre des munitions dites « stand-off », comme le missile de croisière SCALP ou la bombe planante guidée A2SM, conçues pour être larguées à distance de sécurité de la cible, et ainsi éviter les ripostes Sol-Air. Qui plus est, le système a fait ses preuves au combat en 2011, lorsque les Rafale français s’emparèrent du ciel libyen au dessus de Benghazi, alors de la DCA adverse était encore active.

Toutefois, si le Rafale est capable de se mesurer aux SA-6 et SA-8 datant des années 70 comme en Libye, et s’il est probable qu’il soit même capable de se confronter à une batterie S-400 parfaitement moderne, l’avion n’est pas conçu, à l’instar de l’ensemble des appareils de sa génération, pour pénétrer une defense anti-aérienne multi-couche moderne comme celles mises en oeuvre par la Russie ou la Chine, composées des radars terrestres et aéroportés de fréquence et de puissance différentes, des systèmes sol-air à longue, moyenne, courte et très courte portée, le tout agissant de manière coordonnée. Face à une telle menace, ni le radada (vol à très basse altitude), ni Spectra ni la discrétion radar du Rafale ne seront de taille, et l’on peut même douter qu’un appareil furtif comme le F-35 puisse le faire du fait de l’entrée en service accélérée de radar basse fréquence. Dans ce contexte, comment les armées françaises peuvent-elles préserver leurs capacités de manoeuvre et de frappe pour soutenir l’action terrestre et navale, ou pour frapper le dispositif adverse dans sa profondeur afin d’en perturber sa logistique et son commandement ?

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Le vol à très basse altitude et haute vitesse permet au Rafale de rester hors de portée des radars terrestres, mais pas des radars aéroportés

Répondre à ce défi nécessite de disposer d’au moins un des trois types d’équipement adaptés. D’une part, il est possible de s’en remettre à des capacités de frappe balistique ou de missiles de croisière, le sujet ayant d’ailleurs été traité en partie dans un précédant article. Toutefois, cette solution est onéreuse et inadaptée pour les actions militaires dans la durée, en témoigne l’épuisement des stocks russes en Ukraine. S’il est déjà difficile de produire les obus d’artillerie à un rythme suffisant pour compenser leur utilisation sur le terrain, il est impossible de faire de même avec des missiles à plusieurs millions de $ l’unité, chacun nécessitant plusieurs semaines à plusieurs mois pour être assemblé. Cette capacité a un intérêt évident, mais elle n’est, intrinsèquement, pas suffisante pour soutenir un engagement de haute intensité dans la durée. Si les armées françaises disposent déjà d’équipements de ce type, les missiles de croisière SCALP et MdCN, les deux autres solutions qui nous intéressent aujourd’hui, une version spécialisée du Rafale pour la Guerre électronique et la suppression des défenses adverses, et d’un modèle drone de combat furtif, sont absentes de ses inventaires.

Un Rafale dédié à la guerre électronique

La suppression des défenses anti-aériennes adverses n’est pas un sujet nouveau. Pendant la Guerre froide, l’Armée de l’Air française disposait même d’escadrons spécialement entrainés et équipés pour cela, avec le missile anti-radiation (comprendre anti-radar, rien à voir avec le nucléaire) AS 37 Martel. Cependant, cette capacité fut abandonnée en 1997, pour ne pas être remplacée, l’Etat-Major devant alors faire face à des arbitrages budgétaires et capacitaires critiques qui n’ont pas cessés jusqu’il y a peu. Cependant, si les Jaguar et Mirage IIIE de la guerre froide étaient en capacité d’effectuer des missions SEAD (Suppression of Enemy Air Defense), ils faisaient pâle figure face aux deux appareils spécialisés dans cette mission mis en oeuvre par l’US Air Force et l’US Navy, respectivement l’EF-111a Raven et l’EA-6B Prowler. En effet, ces appareils disposaient, outre de missiles anti-radiation Shrike puis Harm, de puissants brouilleurs capables de neutraliser les radars adverses sur l’ensemble d’un espace aérien, permettant aux autres appareils d’y pénétrer et de mener leurs missions. Leur efficacité fut en particulier démontrée lors de la campagne aérienne contre l’Irak en 1990, ainsi qu’au dessus de la Serbie et du Kosovo quelques années plus tard.

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Deux EA-6b Prowler au décollage de la base aérienne d’Aviano en 1999 pour protéger les forces aériennes de l’OTAN dans les Balkans

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