LPM 2023 : La France va-t-elle devoir abandonner son « Armée Globale » ?

« Un armée d’échantillons ». Cette phrase a été employée en de nombreuses occasions pour définir les Armées françaises et leurs capacités. Elle n’est pourtant pas le moins du monde pertinente, car il laisse supposer que l’ensemble de ses composantes a été sous-dimensionné en deçà d’un seuil garantissant leur efficacité. S’il est vrai que 200 chars Leclerc et 77 canons CAESAR sont insuffisants pour entreprendre un conflit majeur dans des conditions acceptables, d’autres capacités, dans le domaine aérien, naval ou des forces de projection, sont pour leur part dimensionnées afin de répondre aux besoins. Quant à la dissuasion française, si elle peut paraitre insuffisamment dotée face à l’évolution des menaces ces derniers mois, force est de constater qu’elle le fut durant les 30 années qui suivirent l’effondrement du bloc soviétique, dans une période révolue que les historiens qualifieront probablement de « Post Guerre Froide », en espérant qu’elle ne soit pas appelée à être qualifiée de « Pré-quelque chose de très déplaisant ».

Dans le contexte présent, les armées françaises font cependant pâle figure dans certains domaines, alors que d’autres de nos voisins européens moins fortunés produisent des efforts considérables pour être en mesure de contenir la menace que représentent les quelques 3000 chars lourds et 1500 pièces d’artillerie et lance-roquettes multiples dont disposeront les armées russes en 2030, en toute hypothèse. Ainsi, la Pologne, avec un PIB équivalent au tiers de celui de la France, prévoit de se doter de 6 divisions lourdes alignant un total de 1500 chars Leopard 2, Abrams et K2 Black Panther, et soutenues par quelques 800 systèmes d’artillerie mobile sous blindage Krabs et K9 Thunder, ainsi que par 500 lance-roquettes multiples HIMARS et K239, là ou la planification actuelle prévoit d’équiper les armées françaises de 200 Leclerc, de 120 canons Caesar et d’une quinzaine de Lance-roquettes multiples ou unitaires à cette échéance.

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En 2030, les forces polonaises devraient aligner prés de 1500 chars lourds contre 200 pour l’Armée de terre

Alors que la conception de la nouvelle Loi de Programmation Militaire débutera dans les semaines à venir pour entrer en application dès 2023, et dans le contexte budgétaire que l’on connait pour la France, avec une dette souveraine sévèrement détériorée suite à la pandémie Covid, un déficit budgétaire au dessus des seuils autorisés par le pacte de Stabilité de la zone euro et grévé par le cout du bouclier tarifaire préservant les français d’une grande partie de l’explosion des prix de l’énergie, et que les perspectives de croissance sont revues à la baisse sur fond de crise énergétique, est-il pertinent ou même efficace de maintenir l’ambition française de disposer d’une armée globale héritée du gaullisme, ou faut-il, comme les britanniques souhaitent le faire, accepter certains abandons capacitaires afin de concentrer les moyens et les hommes sur les capacités ayant le plus fort potentiel d’efficacité, pour défendre la nation et ses intérêts, seul ou en coalition ?

Les armées françaises de 1945 à aujourd’hui

Les Armées françaises sont sorties très affaiblies de la seconde guerre mondiale, en dépit du statut de vainqueur accordé à la France sur insistance du premier ministre britannique, Winston Churchill. Toutefois, après une courte période marquée avant tout par un important mouvement pacifiste, les autorités françaises entreprirent dès la fin des années 40, de reconstituer ces armées, tant pour répondre aux guerres coloniales qui se profilaient que pour faire face à la menace soviétique. Les années 50 furent l’objet d’un très important effort de Paris afin de redonner aux armées françaises des capacités opérationnelles majeures, tout en développant massivement l’industrie de défense nationale, avec l’émergence de grands noms de l’industrie de défense française comme Avions Marcel Dassault, Thomson et Matra. Dans tous les domaines, la France investit pour retrouver une certaine autonomie stratégique, y compris au travers d’un discret mais ambitieux programme nucléaire. La défaite de Dien Bien Phu en Indochine, puis la piteuse conclusion de l’affaire de Suez en 1956, finirent de convaincre les dirigeants français de la nécessité de se doter d’une armée globale, et d’une autonomie de défense avérée vis-à-vis des Etats-Unis.

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L’échec stratégique de la France et de la Grande-Bretagne pour reprendre le controle du Canal de Suez en 1956, malgré un succès militaire, amena Paris à s’engager dans la voie de l’autonomie stratégique.

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