vendredi, mars 29, 2024

Pour Berlin, l’avenir du programme MAWS de patrouille maritime est dans les mains de Paris

En septembre 2017, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel annoncèrent un partenariat sans précédent entre la France et l’Allemagne dans le domaine de l’industrie de défense, afin de donner à ce qui était alors présenté comme une vision partagée pour la construction d’une Europe de La Défense trouvant son pivot dans le couple franco-allemand. Aux cotés des désormais célèbres programmes SCAF pour le developpement du remplaçant des avions de combat Rafale et Typhoon, et MGCS pour remplacer les chars lourds Leclerc et Leopard 2, figurait également le programme Maritime Airborne Warfare System, ou MAWS, qui devait permettre de concevoir le prochain système de patrouille maritime franco-allemand pour remplacer les Atlantique 2 français et les P-3C Orion Allemands. Comme ce fut le cas pour SCAF et MGCS, le programme MAWS se heurta rapidement à des intérêts et des besoins divergents entre la France et l’Allemagne. En effet, là ou la France pouvait moderniser ses Atlantique 2 entré en service dans les années 90 dans l’attente de l’arrivée du MAWS au delà de 2030 voire 2035, les P-3C allemands étaient, quant à eux, beaucoup plus anciens et usés, et nécessitaient au moins une solution intérimaire.

C’est ainsi qu’en juin 2020, le ministère de la Défense allemand annonça qu’il renonçait à moderniser 8 de ses P-3C Orion, une opération jugée trop onéreuse sur une durée efficace trop restreinte, et qu’il envisageait dès lors de se tourner vers une solution intérimaire dans l’attente d’avancées dans le programme MAWS, alors englué, lui aussi, dans un bras de fer entre Dassault Aviation et Airbus DS, le premier s’estimant légitime à concevoir le nouvel appareil du fait de son experience avec l’Atlantique 2, le second s’estimant légitime du fait que le nouvel appareil pourrait bien être dérivé d’un modèle d’avion de ligne, comme c’est le cas du P-8A Poseidon américain dérivé du Boeing 737. Berlin annonça alors qu’il envisageait d’acquérir 5 P-8A Poseidon américains pour remplacer ses P-3C les plus anciens, alors que la France proposa à Berlin de moderniser et de transférer les 4 derniers Atlantique 2 sur les 22 en service, les 18 autres devant être modernisés pour la Marine Nationale. Au final Berlin écarta la proposition française et commanda effectivement 5 P-8A américains en 2021, alors que les blocages autours du programme MAWS demeuraient.

Atlantique 2 Marinenationale Allemagne | Analyses Défense | Aviation de Patrouille Maritime
La Marine nationale modernise actuellement 18 de ses 22 Atlantique 2 pour assurer la transition jusqu’au programme MAWS ou une alternative nationale

La décision allemande fit naitre très naturellement de nombreux questionnements sur l’avenir du programme MAWS, en particulier en France, alors que Dassault Aviation mettait déjà en avant son Falcon 10 comme alternative nationale pour remplacer les ATL2 de la Marine Nationale. Après l’offensive russe en Ukraine, entrainant la résurgence de menaces répétées sur les intérêts navals allemands et européens en Mer Baltique et Mer du Nord, ainsi que l’annonce d’un effort exceptionnel de Berlin en faveur de la modernisation de son outil de defense au travers d’une enveloppe budgétaire exceptionnelle de 100 Md€, les autorités allemandes ont annoncé envisager d’étendre la commande de P-8A Poseidon de 7 unités, soit un total de 12 appareils, ce qui viendrait porter le coup de grâce au programme MAWS, en créant un décalage bien trop significatif pour représenter une base de coopération entre la Marine nationale qui devra remplacer ses 18 Atlantique 2 à horizon 2035, et l’Allemagne qui disposerait d’une flotte de 12 P8-A Poseidon de moins de 10 ans à cette date. Pour autant, aucune déclaration officielle en faveur de l’acquisition de ces 7 Poseidon supplémentaires ne fut faite depuis, et le site spécialisé Defense News semble savoir pourquoi. En effet, selon le site américain, Berlin attendrait un retour de Paris, notamment concernant l’étude en cours diligentée par le Ministère des Armées et la DGA sur le sujet, pour arbitrer dans un sens ou dans l’autre, quant au dimensionnement et à la nature de ses capacités intérimaires et à venir.


LOGO meta defense 70 Allemagne | Analyses Défense | Aviation de Patrouille Maritime

Le reste de cet article est réservé aux abonnés

Les abonnements Classiques donnent accès à tous les articles sans publicité, à partir de 1,99 €.

- Publicité -

Pour Aller plus loin

2 Commentaires

Les commentaires sont fermés.

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles