L’Armée de Terre française pourrait se tourner vers le HIMARS américain pour ses besoins de frappe à longue distance. Pourtant, depuis de nombreuses années, les spécialistes du sujet appelaient les autorités françaises à développer un système similaire.
À l’instar de nombreux autres domaines, l’artillerie à longue portée, représentée par seulement 13 Lance-Roquettes Unitaires (dont 8 sont effectivement opérationnels) au sein de l’Armée de terre française, a été largement réduite au cours des années 2000 et 2010, sous couvert d’une perception majoritaire selon laquelle la menace d’engagements dits de haute intensité était révolue, et que la force aérienne était, à elle seule, susceptible d’apporter ces capacités de frappe dans la profondeur.
Dans ce domaine, les enseignements émanant des huit premiers mois de la guerre en Ukraine montrèrent que cette capacité s’avérait décisive, alors qu’une grande partie de la force aérienne était neutralisée par l’omniprésence des capacités de défense sol-air de part et d’autre.
Et l’arrivée des premiers systèmes HIMARS cédés par les États-Unis aux forces Ukrainiennes au mois de juin, aux côtés d’autres systèmes d’artillerie modernes comme les M777 américains, les Pzh2000 allemands et les CAESAR français, marqua un basculement net du rapport de force offensif en faveur de l’Ukraine.
De fait, depuis quelques mois, les systèmes d’artillerie à longue portée, qu’il s’agisse de systèmes autoportés de gros calibres portant à 50 km aujourd’hui, et à plus de 70 km demain, et des systèmes lance-roquettes de précision comme l’HIMARS américain ou le K239 sud-coréen, portant entre 80 et 300 km, ont connu un extraordinaire regain d’intérêt au sein des armées occidentales.
La Pologne à elle seule a annoncé une commande de 300 K239 Chunmoo auprès de Séoul, et de 200 HIMARS supplémentaires auprès de Washington, constituant, avec les quelque 624 canons automoteurs K9 de 155 mm sud-coréens, la plus formidable capacité d’artillerie en Europe occidentale, et l’une des plus puissantes sur l’ensemble de la planète.
En France aussi, le problème est d’actualité, et fait d’ailleurs partie des principaux axes de progression identifiés dans le cadre de la préparation de la prochaine Loi de Programmation Militaire 2023-2029 en cours de préparation.
Il faut dire que les 13 LRU français sont non seulement considérablement sous-numéraires pour couvrir les besoins de l’Armée de terre en cas d’engagement de haute-intensité, mais ils arriveront également en fin de vie d’ici à 2030.
Malheureusement, bien que ce type de besoin fut effectivement des plus prévisibles, de l’avis même de l’État-major de l’Armée de Terre depuis de nombreuses années, aucune solution nationale ni même européenne n’est à ce jour envisageable pour remplacer les LRU français et pour doter l’Armée de terre des équipements nécessaires dans ce domaine dans un avenir proche.
C’est pour cette raison que dans le cadre de la préparation de la future LPM, les Français n’ont à ce jour d’autre possibilité que de se tourner vers une solution sur étagère importée, très probablement le fameux HIMARS américain, comme ce fut d’ailleurs le cas concernant l’acquisition des LRM au milieu des années 80.
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