Au milieu des années 80, la France, l’Allemagne fédérale, les Pays-Bas et l’Italie entreprirent de co-developper conjointement, dans le cadre d’un projet OTAN, un nouvel hélicoptère moyen destiné à la fois à remplacer les hélicoptères de manoeuvre de transport de troupe, et les appareils spécialisés dans la lutte anti-sous-marine à bord des frégates. La Grande-Bretagne rejoignit le programme en 1987, mais, comme à son habitude, s’en retira rapidement pour developper son propre appareil, le Merlin. En 1992 fut ainsi créé le consortium NHI (Nato Helcoptere Industry) rassemblant AgustaWestland (Futur Leonardo) pour l’Italie, Fokker pour les Pays-Bas et Airbus Hélicoptères pour la France et l’Allemagne. An 2001, le Portugal rejoignit le consortium, suivit quelques mois plus tard par la Finlande, la Suède et la Norvège qui choisirent l’appareil européen pour le programme NSHP (Nordic Standard Helicopter Project). Doté de performances avancées notamment en terme d’autonomie, de commandes de col électrique et d’une avionique très moderne, l’hélicoptère remporta par la suite plusieurs succès sur la scène internationale, choisi notamment par l’Australie et la Nouvelle-Zelande, la Grèce, l’Espagne, Oman et le Qatar. Au total, 566 appareils ont été commandés par 14 pays, dont 418 en version de transport terrestre et 148 en version navale.
En dépit de ces succès commerciaux, le programme européen rencontra de nombreuses difficultés, avec notamment des délais et des surcouts importants. Surtout, plusieurs utilisateurs se sont régulièrement plaints de la faible disponibilité de leurs appareils, ainsi que des couts excessifs de mise en oeuvre et de possession, dépassant les 10.000 € par heure de vol selon plusieurs études indépendantes, soit les couts de maintenance d’un avion de combat comme le F-16. En outre, il semble que de plusieurs forces armées aient rencontré d’importantes difficultés pour entretenir leurs appareils comme dans la gestion de leurs stocks de pièces détachées, ainsi que dans les délais de modernisation des hélicoptères. Ces difficultés ont amené en 2020 la Belgique puis l’Australie a annoncé le retrait de certains de leurs appareils, alors qu’en juin 2022, Oslo annonça sa décision de purement et simplement rendre au consortium NHI l’ensemble de ses 14 NH90 alors qu’ils ne parviendraient selon le ministère de La Défense norvégien, à n’assurer que 40% du contrat opérationnel prévu.
La série noire pour NHI semble ne pas vouloir s’arrêter. En effet, à l’occasion de la présentation du nouveau plan d’investissement et d’équipement Défense, le Chef d’état-major des armées suédoises a annoncé, le 1er novembre, la décision de Stockholm d’emboiter le pas d’Oslo, et de se séparer des 13 NH90 HKP14E mis en oeuvre par l’Armée de terre, ainsi que des 5 HKP14F spécialisés dans la lutte anti-sous-marine et mis en oeuvre par la marine suédoise. Les premiers seront rapidement remplacés par les UH-60 Blackhawk américains, alors que le modèle qui remplacera les hélicoptères de lutte anti-sous-marine n’a pas encore été annoncé, même si le MH-60R Romeo fait figure de grand favori. La décision suédoise est motivée, selon le General Micael Byden, chef d’état-major des armées suédoises, par les couts de modernisation demandés par NHI en particulier pour la version de lutte ASM, ainsi que par d’importants problèmes de disponibilité et de maintenance, et des couts de possession très importants. A ce titre, en 2018, un rapport de la cours de compte suédoise avait estimé le prix de l’heure de vol de la version ASM de l’appareil à 242,000 couronnes, soit plus de 25.000 €, alors que les forces armées suédoises avaient déjà du commander 15 UH-60 pour faire face aux délais de livraison de l’appareil européen.
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