mardi, mars 19, 2024

La Marine Nationale veut calquer sa strategie capacitaire sur les programmes aéronautiques

Lorsqu’il entra en service en 2002 au sein de la flottille 12F de l’aéronautique navale pour remplacer ses antédiluviens F-8F Crusader, les premiers Rafale Marine furent livrés au standard F1, qui ne disposait alors que de capacités air-air. Mais dès l’entame du programme, l’évolutivité de l’appareil et le planning des versions étaient au coeur de la stratégie poursuivie par le Ministère de La Défense et la Team Rafale. C’est ainsi qu’en 2005, l’Armée de l’Air commença à recevoir ses premiers Rafale B et C au standard F2, spécialisés dans les frappes Air-Sol pour remplacer le retrait des SEPECAT Jaguar franco-britanniques, suivi en 2009 du Rafale F3, capable de mener les deux missions, ce aussi bien pour les Rafale B et C de l’Armée de l’Air que les Rafale M de la Marine Nationale, lui conférant son statut d’avion multi-rôle. Depuis, 3 autres versions successives sont apparues, la F-3O4T puis du fameux F-3R effectivement omnirôle et capable de mener simultanément des missions air-air, air-sol, air-surface et de reconnaissance, et auxquels les 144 Rafale déjà livrés aux forces aériennes françaises ont été portés à partir de 2018. Désormais, Dassault Aviation et la team Rafale développent la version F-4 qui doit arriver en 2024 et qui conférera à l’appareil des capacités empruntées à la fameuse 5ème génération d’avions de combat, suivie en 2030 par la version F5 qui devrait permettre aux Rafale de contrôler et d’évoluer aux cotés de drones de combat.

Cette gestion de l’évolutivité de manière souple et planifiée offre de nombreux atouts, aussi bien du point de vue opérationnelle que du point de vue industriel et commercial. En premier lieu, cela permet effectivement aux appareils de ne pas céder à l’obsolescence, avec des évolutions régulières à un rythme quinquennal lui offrant de nouvelles capacités adaptées à l’évolution des menaces et des besoins. C’est ainsi que le Rafale F4 à venir recevra une nouvelle version de son système d’autodéfense SPECTRA, ainsi qu’un nouveau missile air-air MICA NG, de sorte à adapter la survivabilité et la létalité de l’appareil aux évolutions des moyens dont disposent les adversaires potentiels de la France, et de ses clients. Il n’est d’ailleurs en rien surprenant de constater que les premiers opérateurs étrangers du Rafale, l’Egypte et le Qatar, ont eux aussi fait évoluer leurs Rafale F3 vers la version F-3R, alors que tous visent désormais la version F4, attestant de la justesse de cette stratégie industrielle et opérationnelle suivie par Dassault et les forces aériennes françaises.

RAFALE F4 Analyses Défense | Aviation de chasse | Constructions Navales militaires
L’évolutivité du Rafale constitue l’un des atouts majeurs du programme comme de l’appareil, en France comme sur la scène internationale

En outre, cette approche offre de nombreux intérêts tant du point de vue budgétaire, que dans la compétitivité de l’offre internationale. En effet, alors qu’une majorité du parc en service est appelée à évoluer tous les 5 ans, cette solution permet à l’industriel et ses sous-traitants de sécuriser sur la durée la pérennité de son outil de production. Alors qu’un changement de version représente un investissement industriel équivalent à 20% de la production d’un appareil neuf, un parc de 450 appareils à terme engendrera, sur un rythme quinquennal, une activité de production équivalente la production annuelle de 18 appareils neufs, soit un rythme industriel largement suffisant pour pérenniser l’outil industriel sur l’ensemble de la durée de vie opérationnelle du parc de 30 à 40 ans. Cette visibilité permet en outre aux industriels de planifier de manière sécurisée dans la durée l’amortissement de leurs investissements en terme d’infrastructures, d’équipements de production mais également de main d’œuvre, améliorant de fait la performance budgétaire du programme. S’exprimant dans le cadre de du Projet de Loi de Finance 2023 devant l’Assemblée nationale, le Chef d’etat-major de la Marine, l’Amiral Pierre Vandier, a annoncé qu’il entendait, à l’avenir, s’inspirer de cette approche évolutive récurrente pour ses propres navires.


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