mardi, mars 19, 2024

4 arguments en faveur du développement d’un char Leclerc 2 en amont du programme franco-allemand MGCS

La conception d’un char Leclerc 2 comme solution intérimaire, dans l’attente du MGCS, aurait quatre arguments à faire valoir : répondre aux besoins immédiats de l’armée de terre, disposer d’une plateforme polyvalente pour des blindés chenillés spécialisés, étoffer l’offre industrielle française sur la scène internationale et, de manière contre-intuitive, baisser la pression et les risques d’échec du programme MGCS.

Parmi les nombreux enseignements hérités du conflit en Ukraine, le rôle central du char de combat dans la manœuvre terrestre, qu’elle soit offensive ou défensive, est probablement celle qui prit le plus à contre-pieds de nombreuses certitudes héritées de la fin de la guerre froide, ainsi que des deux guerres irakiennes.

Pour de nombreuses forces armées, jusqu’il y a peu, le char de combat était un héritage en passe d’obsolescence, face à la multiplication et la densification des menaces, avec l’arrivée de systèmes antichars de plus en plus performants, y compris aux mains de l’infanterie.

En Ukraine, cependant, comme ce fut le cas dans le Haut-Karabakh deux ans plus tôt, il devint rapidement évident qu’en dépit de ces menaces, et du rôle central repris par l’artillerie, le char de combat, et plus globalement les véhicules blindés lourds, avaient conservé cette capacité unique à percer les lignes ennemies, ainsi qu’à repousser les assauts adverses.

De fait, et même si le phénomène avait redémarré depuis plusieurs années, toutes les grandes armées mondiales et européennes en particulier, ont à nouveau remis le char lourd au cœur de leur planification.

Ainsi, alors que le marché du char de combat connut une période de calme plat pendant près de 20 années, celui-ci a connu une croissance fulgurante ces trois dernières années, y compris pour des armées qui, il y a encore peu, envisageaient très sérieusement de retirer ce type de blindés de leur inventaire.

La France ne fait pas exception, même si l’Armée de Terre a tout fait pour maintenir une telle capacité, y compris lors des années 2010-2015, les plus critiques en terme budgétaire comme politique.

Ainsi, l’Armée de Terre a maintenu 3 régiments cuirassiers armés chacun d’une cinquantaine de chars lourds Leclerc alors que deux régiments blindés disposent d’une compagnie de Leclerc aux côtés de leurs véhicules de combat d’Infanterie, pour un total de 220 Leclerc en service à ce jour.

En outre, 200 de ces chars, livrés au cours des années 90, sont en cours de modernisation, notamment pour intégrer la bulle de combat infocentrée SCORPION aux côtés des Griffon et Serval remplaçant les vénérables VAB, et des Jaguar qui remplacent les AMX-10RC et ERC-90.

Surtout, Paris et Berlin ont lancé, en 2017, un programme conjoint visant à developper à horizon 2035 le remplaçant du Leclerc, mais également du Leopard 2.

Désigné Main Ground Combat System ou MGCS, ce programme rencontre, à l’instar de son pendant SCAF pour le remplacement des avions de combat Rafale et Typhoon, de nombreuses difficultés industrielles et politiques, au point que sa pérennité est aujourd’hui plus que menacée, comme le sont les délais visés.

VBMR Griffon Mali Chars de combat MBT | Analyses Défense | Artillerie

Si la trajectoire suivie par Paris et Berlin etait raisonnable et cohérente en 2017, lorsqu’elle fut entamée, le contexte et la menace ont considérablement évolué depuis, au point qu’il pourrait être pertinent d’envisager une accélération du programme MGCS pour y répondre.

Toutefois, eu égard aux difficultés rencontrées par les deux pays dans leur collaboration, une telle solution semble difficile à mettre en œuvre, ouvrant la voie à une seconde alternative, la conception et la construction, sur des délais réduits, d’un successeur direct au char Leclerc, que nous appellerons dans cet article « Leclerc 2 » pour en marquer la filiation directe.

Comme nous le verrons, la France aurait, de manière très factuelle, tout intérêt à s’engager dans une telle démarche, tant pour répondre aux besoins à court et moyen terme de l’Armée de terre, que pour disposer d’une plate-forme chenillée polyvalente capable d’accueillir ses besoins émergents en termes de haute intensité. Elle permettrait enfin de se saisir de réelles opportunités industrielles en Europe et dans le Monde.

Que pourrait-être le char Leclerc 2 ?

À l’instar du Challenger 3 entamé outre manche, un programme Leclerc 2 aurait pour objet d’intégrer à la plate-forme Leclerc existante, de nouvelles capacités résultantes des avancées technologiques développées ces dernières années.

Il s’agirait, par exemple, de doter le blindé de capacités de communication et d’engagement coopératif avancées, ainsi que d’une vétronique de nouvelle génération, à l’instar de celle qui équipe d’autres programmes de même type, comme le KF-51 Panther allemand.

La létalité du char devrait, elle aussi, être étendue, qu’il s’agisse d’embarquer un canon de calibre plus imposant comme le canon ASCALON de Nexter de 140 mm, ou de doter le char de capacités de frappe supplémentaires en le dotant de missiles antichars à moyenne portée comme l’Akheron MP.

La survivabilité du char serait également accrue, avec l’intégration native d’un système de protection soft kill / hard kill comme le nouveau APS Prometeus de Nexter qui devrait déjà équiper les Leclerc MLU, Jaguar et Griffon, ainsi que d’un système de camouflage multispectral comme le Salamandre.

Cette survivabiltié serait accrue en le dotant d’un tourelleau téléopéré doté d’un canon de petit calibre pour la protection rapprochée, notamment contre les drones et en environnement urbain.

Enfin, à l’instar de la trajectoire suivie outre atlantique avec l’AbramsX, il pourrait être pertinent de doter le char d’une propulsion hybride électrique pour en accroitre l’autonomie au combat, et lui conférant des capacités de déplacement furtives.

Un char Leclerc 2 pourrait profiter des avancées technologiques réalisées sur le démonstrateur EMBT, comme sa tourelle.
Un char Leclerc 2 pourrait profiter des avancées technologiques réalisées sur le démonstrateur EMBT, comme sa tourelle.

Au-delà d’un simple empilement de capacités nouvelles, il s’agirait avant tout d’accroitre l’efficacité du char en se basant sur des technologies effectivement disponibles dès à présent.

Cela permettrait une mise en production rapide, et une entrée en service avant la fin de la décennie, tout en réduisant au strict minimum les risques industriels et technologiques, les couts de développement ainsi que les couts de production.

Il serait possible, ainsi, de répondre aux besoins de l’Armée de terre, mais également de disposer d’une offre compétitive et attractive sur la scène internationale, aussi bien face au K2 Black Panther sud-coréen que d’un éventuel KF-51 Panther allemand ou AbramsX américain.

Un besoin critique pour l’Armée de Terre


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