mardi, mars 19, 2024

6 déclarations récurrentes mais erronées autour du programme d’avion de nouvelle génération SCAF

Annoncé en 2017 peu après l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée pour son premier mandat, le programme SCAF, pour Système de Combat Aérien du Futur, représente un des deux principaux piliers, avec le programme MGCS, de l’ambition franco-allemande développée à cette date pour renforcer l’autonomie stratégique européenne en matière de défense autour d’une coopération industrielle stratégique entre les deux pays. Depuis, le programme a intégré l’Espagne en son sein, mais a surtout été marqué par des tensions croissantes et de plus en plus clivantes entre Paris et Berlin, plus particulièrement entre les industriels des deux pays, en particulier autour du premier et principal des 7 piliers du programme, le Next Génération Fighter, ou NGF, qui a été l’objet d’un bras de fer tendu entre Dassault Aviation et Airbus DS pendant prés d’une année. Au final, il semble que les autorités françaises et allemandes soient parvenues, à force de pressions politiques, à forcer les deux grands industriels à s’entendre sur le partage industriel et le leadership des programmes, tout au moins pour ce qui concerne la tranche 1B visant à développer un démonstrateur technologique pour 2027.

Reste que, comme dit précédemment, le programme SCAF est loin de faire l’unanimité, tant au sein des opinions publiques que dans les milieux spécialisés, et ce de part et d’autres du Rhin. Pour renforcer l’adhésion autour du programme, les instances politiques françaises, qu’il s’agisse du ministère des Armées, de parlementaires et même du président Macron lui-même, ont paré ce programme de nombreuses vertus, le rendant non seulement souhaitable et bénéfique pour les objectifs stratégiques français, mais également, d’une certaine manière, indispensable en de nombreux aspects. Dans cet article, nous étudierons les 6 arguments récurrents les plus fréquemment avancés pour justifier de ce programme, pour en déterminer la matérialité, et donc la pertinence.

« La France n’a plus les moyens budgétaires pour developper seule une programme de l’envergure du SCAF »

Le premier et principal argument avancé de manière récurrente tant par le président français, que par le ministère des Armées (F.Parly) et par de nombreux parlementaires appartenant à la majorité présidentielle, se veut imparable. Selon celui-ci, le programme SCAF devant couter entre 80 et 100 Md€, aucun pays européen,, en particulier la France, n’a désormais les moyens de financer le développement et la production d’un tel appareil et de son système de systèmes. C’est également, sans le moindre doute, le plus contestable des arguments avancés. En effet, pour prendre l’exemple du programme Rafale, celui-ci aura couté, une fois les 225 appareils prévus livrés, autour de 65 Md€, ceci tenant compte des études initiales, de la production des appareils, des recherches pour les différents standards et de la modernisation des aéronefs. Dans le même temps, ce sont désormais 284 appareils qui ont été commandés à l’exportation, pour un montant avoisinant les 40 Md€. Or, sans même tenir compte des économies sociales réalisées par l’Etat du fait de cette manne industrielle, ces 105 Md€ investis et à investir dans l’industrie française représentent, à eux seuls, plus de 50 Md€ de recettes fiscales et sociales pour l’Etat.

DassaultAviation RAfale PAtrouille Allemagne | Analyses Défense | Aviation de chasse
Le programme Rafale aura couté environ 500m€ par an aux contribuables français, un effort sommes toutes largement acceptable pour les finances publiques de la 7ème économie mondiale

La charge restante, pour le programme Rafale, qui rappelons le lui aussi fut souvent considéré comme insupportable budgétairement parlant par de nombreux exécutifs politiques français, il n’y a de cela pas si longtemps, est donc de 15 Md€, à repartir sur 30 années d’activité industrielle à raison de 3 Md€ par an, soit seulement 500 m€ par an. Peut-on dire, de ce point de vue, que ce montant serait « insupportable » pour les finances publiques françaises, un pays doté d’un PIB de 2.500 Md$, et pour des armées qui disposeront bientôt de plus de 50 Md€ de budget annuel ? La transposition pour SCAF est directe même en tant compte d’un cout supérieur, le PIB français ayant largement progressé depuis les années 90 et 2000, d’autant que le succès du Rafale ces dernières années laisse présager d’une excellente dynamique à l’exportation dans les décennies à venir, pour peu que l’appareil et son système s’avèrent, comme c’est le cas du Rafale aujourd’hui, et des Mirage avant lui, performants et économiquement pertinents, et non un programme américanisé avec de nombreux couts cachés. On ne peut donc dire que la France ne peut pas financer seule le programme SCAF, au mieux peut-on affirmer qu’elle ne veut pas le faire.

« Plus aucun pays européen ne dispose seul des technologies nécessaires pour la conception de SCAF »


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