vendredi, mars 29, 2024

Porte-avions NG, SCAF, MGCS … : La France a-t-elle visé trop haut ?

Il y a tout juste deux ans, la Ministre des Armées, Florence Parly, officialisait l’entame des travaux d’études pour la construction d’un nouveau porte-avions destiné à remplacer le Charles de Gaulle à partir de 2038.

Depuis, de nombreuses informations ont filtré quant à ce programme, qui devrait être, comme le Charles de Gaulle, à propulsion nucléaire, et atteindre les 75.000 tonnes de déplacement, notamment pour pouvoir mettre en œuvre les nouvelles catapultes électromagnétiques de 90 mètres nécessaires pour lancer le nouveau Next Génération Fighter du programme SCAF, lui-même beaucoup plus imposant que le Rafale M.

De manière fort prévisible, les couts de conception et de fabrication du navire ont, eux aussi, connu une augmentation très importante vis-à-vis des 2 Md€ qu’avait couté le Charles de Gaulle construit dans les années 90.

En effet, alors qu’initialement le nouveau porte-avions était estimé entre 5 et 6 Md€, il serait désormais question d’un cout de conception et de construction autour de 8 Md€, voire davantage. Et dans le cadre de la préparation de la prochaine Loi de Programmation Militaire 2024-3020, qui sera pourtant doté d’environs 400 Md€, soit 100 Md€ de plus que la précédente, ce cout pose un problème…

De fait, qu’il s’agisse du programme PANG de porte-avions de nouvelle génération, le programme SCAF d’avion de combat de 6ᵉ génération, le programme MGCS de char de combat du futur, ainsi que le programme SNLE3G de sous-marin nucléaire lanceur d’engins de 3ᵉ générations indispensable a la dissuasion française, tous promettent d’être particulièrement gourmands en crédits, au point de venir handicaper la reconstruction de certaines capacités des armées, comme dans le cas de la force blindée lourde, ou de l’artillerie à longue portée.

Le fait est, qu’il s’agisse de SCAF, de MGCS ou de PANG, il apparait que chacun de ces programmes vise à développer des matériels beaucoup plus imposants et onéreux que ceux qu’ils remplaceront, non seulement du fait de l’augmentation des couts technologiques et de l’inflation, mais également du fait d’ambitions beaucoup plus élevées, rapprochant la production industrielle de défense française des équipements produits par les États-Unis, et s’éloignant de fait de ce qui fit, traditionnellement, le succès opérationnel, mais également commercial des équipements de défense français depuis les années 60.

À l'instar du porte-avions NG, le programme MGCS promet d'être gourmand en crédit consommé, même s'il doit être réalisé en coopération avec l'Allemagne
À l’instar du porte-avions NG, le programme MGCS promet d’être gourmand en crédit consommé, même s’il doit être réalisé en coopération avec l’Allemagne

En effet, si la France consacrait plus de 4% de son Produit Intérieur Brut à son effort de défense au début des années 60, l’économie française se relevait à peine des stigmates de la seconde guerre mondiale, obligeant le pays à se montrer inventif pour concevoir des équipements performants et attractifs, mais beaucoup moins onéreux que les systèmes d’arme américains qui s’imposaient sur le marché.

C’est ainsi que l’avionneur français Dassault Aviation conçut le Mirage III, un chasseur intercepteur moitié moins lourd que l’imposant F-4 Phantom II, surpassant dans presque tous les domaines le F-104, tout en étant sensiblement moins cher que ces deux appareils.

Dans le même temps, en s’appuyant sur le succès de l’AMX-13, AMX conçu le char moyen AMX-30 de 36 tonnes, lorsque les États-Unis produisaient le M-60 de plus de 52 tonnes. Quant aux deux porte-avions français, le Clemenceau et le Foch, ils dépassaient à peine de 32.000 tonnes à pleine charge pour une longueur de 265 m, là où les Forrestal américains flirtaient avec les 80.000 tonnes pour 326 mètres de long.


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3 Commentaires

  1. […] Depuis, de nombreuses informations ont filtré quant à ce programme, qui devrait être, comme le Charles de Gaulle, à propulsion nucléaire, et atteindre les 75.000 tonnes de déplacement, notamment pour pouvoir mettre en oeuvre les nouvelles catapultes électromagnétiques de 90 mètres nécessaires pour lancer le nouveau Next Génération Fighter du programme SCAF, lui même beaucoup plus imposant que le Rafale M. De manière fort prévisible, les couts de conception et de fabrication du navire ont, eux aussi, connu une augmentation très importante vis-à-vis des 2 Md€ qu’avait couté le Charles de Gaulle construit dans les années 90. En effet, alors qu’initialement le nouveau porte -avions était estimé entre 5 et 6 Md€, il serait désormais question d’un cout de conception et de construction autour de 8 Md€, voire davantage. Et dans le cadre de la préparation de la prochaine Loi de Programmation Militaire 2024-3020, qui sera pourtant doté d’environs 400 Md€, soit 100 Md€ de plus que la précédente, ce cout pose problème… LIRE PLUS. […]

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