La nouvelle planification militaire russe met l’accent sur la dissuasion ainsi que sur l’augmentation du format des forces, en vue d’une possible confrontation avec l’OTAN. Toutefois, la manière d’y parvenir est encore floue, alors que les objectifs annoncés sont très ambitieux, peut-être trop pour l’économie du pays.
Comme chaque année, le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et le chef d’état-major des armées russes, le général Valery Gerasimov, ont présenté au président Vladimir Poutine, la synthèse de l’état des forces, ainsi que les axes retenus pour la planification militaire russe à venir.
De manière étonnante, eu égard à l’actualité depuis le 24 février, cet exercice s’est tenu de manière presque traditionnelle cette année. Comme les années précédentes, le discours fait par Sergueï Choïgou fit état de nombreux progrès.
C’est particulièrement le cas de la modernisation des forces stratégiques qui dépassent désormais, selon les abaques du ministère, un taux de modernisation de 91 % pour l’ensemble de la triade nucléaire, ainsi que de l’arrivée au sein des forces de nouveaux équipements, dont un sous-marin nucléaire lanceur d’engin de la classe Boreï-A et un sous-marin nucléaire d’attaque de la classe Iassen.
Pour autant, les annonces faites cette année, si dans la forme respectaient le cadre défini de cet exercice ces dernières années, présentent une situation et une ambition entièrement nouvelles pour les armées russes.
Une augmentation massive des effectifs annoncée par Sergueï Choïgou
Un unique objectif, présenté par le ministre russe, résume à lui seul le changement d’ambition du Kremlin pour ses armées. Les Armées russes vont, en effet, passer d’un format d’un million d’hommes, hors réserves, à un format de 1,5 million d’hommes, soit une hausse de 50 %.
Pour y parvenir, le ministère de la Défense russe entend étendre le nombre de militaires sous-contrat pour atteindre 695.000, ainsi que la conscription, en passant d’un âge minimum de 18 à 21, et en augmentant l’âge maximal à 30 ans.
En outre, des efforts particuliers seront faits afin de permettre aux conscrits de souscrire un contrat d’engagement, y compris en les dispensant de la période de service nationale, ce qui constitue un argument de poids eu égard aux différences de soldes entre les deux catégories.
Rappelons qu’il y a quelques semaines, le ministère de la Défense russe avait annoncé que le budget de la défense serait porté en 2023 à plus de 4 700 milliards de roubles, soit plus de 75 Md$, en hausse de près de 50 % vis-à-vis de 2021. On peut y voir une relation avec le début de l’effondrement du rouble, qui a perdu 25 % ces dernières semaines.
Cette extension des forces va permettre de créer ou de faire évoluer de nombreuses unités, avec la création de trois divisions d’infanterie motorisée dans les oblasts de Kherson et de Zaporozhye, ainsi que d’un corps d’armée en Carélie, la région qui borde la frontière finlandaise.
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