La France peut-elle accroitre ses investissements de défense au delà des limites de la LPM 2024-2030 ?

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A quelques jours de sa présentation officielle, le contenu de la futur Loi de Programmation Militaire française, qui encadrera les investissements de l’Etat dans ces armées pour les 7 années à venir, commence à être de plus en plus claire. Toutefois, au delà des quelques 400 Md€ d’investissements prévus sur les 7 années à venir, et des 13 Md€ de crédits exceptionnels également planifiés sur cette période, et bien que cette trajectoire représente une hausse de 100 Md€ vis-à-vis de la LPM précédente, de nombreuses voix s’élèvent depuis quelques jours pour en regretter les arbitrages, et parfois pour en critiquer le montant jugé, non sans raison il est vrai, comme insuffisant vis-à-vis des besoins des armées face à l’évolution rapide des menaces en Europe et dans le Monde. Si ces voix se rejoignent sur le constat, à savoir qu’il manque plusieurs de dizaines de milliards d’Euro à cette LPM pour répondre effectivement aux besoins des armées, et sans entrer dans le débat de savoir s’il faut plus de chars, plus de systèmes anti-aériens, plus de sous-marins ou plus de drones, il apparait cependant que personne ne se risque à donner ne serait-ce que des pistes pour permettre le financement de ces besoins critiques.

Pour rappel, si la prochaine LPM respecte une trajectoire de croissance linéaire du budget des armées afin d’atteindre les 413 Md€ prévus, les Armées disposeront, en 2030, d’un budget annuel de 68 Md€, représentant entre 2,25 et 2,3% du PIB du pays à cette date. Cet objectif représente une hausse de presque 55% du budget annuel sur la LPM, donc de l’ordre de 40% en euro constant, et de 112 % vis-à-vis budget de 2016. Il s’agira donc, sans le moindre doute, d’un effort considérable consenti par le gouvernement français, d’autant plus considérable que bien d’autres sujets pèsent sur l’opinion publique, qui s’inquiète davantage de l’évolution du service de santé ou de l’offre d’éducation, que de savoir si les armées françaises ont 200 ou 400 chars lourds. En d’autres termes, en dehors de la sphère relativement réduite des personnes sensibles aux questions de défense dans le pays, la question de la LPM et des Armées n’est pas une priorité pour beaucoup de français, et la hausse spectaculaire des investissements de défense ces 6 dernières années, comme celle de la période 2024-3030 à suivre, n’est pas en soit un sujet à haut potentiel de satisfaction politique. Notons également que les 413 Md€ prévus se rapprochent beaucoup plus des 420 Md€ réclamés par le Ministère des Armées, que des 370 Md€ proposés par le Ministère des Finances.

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Pour autant, et en dépit de l’effort politique et budgétaire évident consenti par les autorités dans ce sujet, les points de faiblesse relevés par les nombreux commentateurs ces derniers jours, ne sont pas non plus dénués de sens. Ainsi, alors que la modernisation de la dissuasion française captera à elle seule prés de 100 Md€ sur cette nouvelle LPM, et que les couts de fonctionnement et la hausse des soldes en capteront 45% de plus, il ne restera guère de crédits pour moderniser les forces, et donc developper et acquérir les nouveaux systèmes, de même que pour espérer accroitre le format actuel des armées au delà des quelques 50.000 réservistes supplémentaires devant être recrutés. D’un point de vu synthétique, et sans entrer dans une longue démonstration, on peut estimer qu’il manquerait, sur cette LPM, quelques 100 Md€ de crédits supplémentaires, non pas sur une trajectoire progressive comme aujourd’hui prévu, mais pour réparer les dégâts liés au sous-investissement critique dans ce domaine de 2000 à 2020, ceci ayant engendrer un vieillissement sensible de l’âge moyen des équipements, la diminution des parcs, et donc des pertes de performances opérationnelles très sensibles. Sachant que budgétairement, une hausse supplémentaire est à exclure sauf à justifier de recettes supplémentaires, quelles peuvent-être les solutions qui permettraient à la France de financer cet effort immédiat ?

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1- Réorientation de crédits sur de nouvelles recettes ou économies budgétaires

Parmi les solutions parfois évoquées pour permettre l’augmentation de l’effort de défense en France, la réorientation budgétaire, sur la base d’économies potentielles réalisées sur les dépenses publiques ou de nouvelles recettes, est incontestablement la plus fréquemment avancée. Il s’agirait, selon les cas, de couper des dépenses budgétaires jugées peu efficaces, et de générer des recettes ou des économies supplémentaires en luttant contre la fraude, qu’elle soit fiscale ou sociale. Cependant, il apparait que l’application de ces mesures est beaucoup plus difficile une fois passée les campagnes et promesses électorales, et plusieurs gouvernements s’y sont casser les dents, selon qu’ils étaient de droite en promettant la fin de fraude sociale, ou de gauche en sonnant l’hallali des exilés fiscaux. Au final, ces approches ne permettent pas de dégager, de manière certaine et prévisible, les ressources nécessaires pour financer durablement une hausse de crédits de défense, alors que les planifications sur recettes variables ont également montré leurs limites lors des quinquennats Sarkozy et Hollande. Sans préjuger de leur pertinence et applicabilité, ces mesures ne disposent pas d’une robustesse suffisante pour permettre de construire le budget des armées autours des résultats qui ne peuvent être, au mieux, qu’espérés.


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